Phénomène caché, la traite des êtres humains est une réalité contemporaine. Touchant indifféremment hommes et femmes, présente aux quatre coins du monde, elle reflète un état d’asservissement et de maltraitance dont les victimes mettent de nombreuses années à s’extraire. En France, c’est plusieurs centaines de signalements de traite humaine qui sont déclarés chaque année. Entretien avec Sophia Lakhdar, directrice du Comité contre l’esclavage moderne, association créée en 1994 par la journaliste Dominique Torres.
Hélène Cuny : Quelle définition peut-on donner de l’esclavage moderne ?
Sophia Lakhdar : d’emblée il faut préciser que depuis le protocole de Palerme, adopté en 2000 par les Nations-Unis, on parle de traite des êtres humains, notion renvoyant à l’exploitation économique de personnes. L’homme, la femme ou l’enfant constitue une marchandise où sa force de travail va générer des profits ou des économies pour celui qui l’emploie. Selon les modalités, on trouve la traite à des fins d’exploitation sexuelle, par le travail, d’adoption, de trafic