En ce 4 septembre 1870 où est proclamée la République, la maçonnerie se compose de deux grandes obédiences : le Grand Orient de France (GODF), fort de ses 314 loges et 18 000 membres et le Suprême-Conseil de France (SCDF), de rite écossais ancien accepté, qui réunit environ 80 loges et 4000 membres. Elle connaît, depuis la libéralisation de l’Empire, une forte croissance car, moins surveillée, elle est devenue une réelle société de pensée où tous les sujets peuvent être débattus ; ainsi sur l’école, la morale, la question sociale, la paix. Le recrutement est très diversifié (un tiers d’ouvriers ou d’artisans à Paris). La très grande majorité des Frères sont républicains et d’autant plus anticléricaux que l’Eglise se raidit doctrinalement et combat la maçonnerie, la rendant, de ce fait attractive auprès d’une jeunesse contestataire. Au sein du Gouvernement provisoire, siègent sept Frères dont Léon Gambetta, Adolphe Crémieux et Eugène Pelletan.
Un contexte socio-économique difficile
Au terme du conflit franco-prussien, en 1871, la situation est dramatique. Les loges parisiennes ont condamné pendant le siège, le Kronprinz à un jugement maçonnique pour crimes de guerre et les relations sont rompues avec les maçonneries allemandes. Les loges d’Alsace-Moselle se sont sabordées pour ne pas dépendre d’obédiences germaniques. Les maçons parisiens n’ont pu obtenir, en dépit de rencontres avec Jules Simon et Adolphe Thiers et d’un spectaculaire défilé dans les rues de la capitale, que deux trêv