Dès l’aube de sa création, au XVIIIème siècle la franc-maçonnerie a eu des détracteurs, d’abord populaires, puis politiques et religieux. Un siècle plus tard des organisations antimaçonniques très structurées l’accusent de saper les bases morales de la société, et ne jurent que par sa perte. Par des moyens efficaces et tentaculaires, elles enracinent l’antimaçonnisme, transformé en complot judéo-maçonnique, dans l’inconscient populaire, encore vivace aujourd’hui. Alors à qui profite cette maçonnophobie ambiante et quel rôle exact va jouer l’église catholique dans cette « chasse aux sorcières » ?
Hélène Cuny : Quelle est l’origine de l’antimaçonnisme ?
Michel Jarrige : Lorsqu’elle s’implante en France, dans les années 1720, la franc-maçonnerie est l’objet d’attaques qui viendront tout d’abord du monde populaire. Rumeurs et ragots alimentent cet antimaçonnisme premier. Accusés d’ivrognerie, d’homosexualité, ou de s’adonner au péché de sodomie, les maçons suscitent la défiance. Pourquoi se cachent-ils ? Que font-ils tous ensemble ? Ajoutée à la réputation douteuse des loges, la peur du secret entraine un courant d’hostilité