Tunisie, Egypte, Libye… La jeunesse de ces pays arabes se révolte après 40 ans de dictatures, privée de ses droits les plus fondamentaux. Eprise de liberté, tournée vers le progrès, elle n’est plus prête à accepter de régime autoritaire. Est-ce l’annonce d’une ère nouvelle ? Dans un climat de repli identitaire très fort, où la peur de l’autre paralyse toute démarche de connaissance, et dans une région du monde où l’Islam, la religion majoritaire structure et codifie l’ensemble de la société, le risque est grand de voir les mouvements révolutionnaires confisqués. Le passé a montré que faute d’appuis du monde occidental, la démocratie dans les pays arabes est restée un projet mort-né. Fatalité ou vraies raisons historiques ? Aujourd’hui les sociétés arabes doivent créer leur propre modèle. A l’aube de ce XXIème siècle, le défi à relever est immense pour qu’enfin liberté de conscience, et égalité entre individus deviennent une réalité.
Hélène Cuny : Quelle responsabilité l’Occident de l’après-seconde guerre mondiale, porte-t-il dans le processus avorté de démocratisation des sociétés arabes ?
Antoine Sfeir : La décennie des années 50 est charnière : elle voit tout d’abord le monde arabe traversé par deux courants d’idées contradictoires, l’un essayant de promouvoir un système républicain avec Nasser, en Egypte, et l’autre un système théocratique avec l’Arabie Saoudite. La crise de Suez en 1956, et la nationalisation du canal, défaite politique retentissante pour le cla