Prendre soin de ses pensées, afin de se conduire lucidement. Cette maxime générale de la philosophie convient tout particulièrement à Epicure, et à son disciple poète Lucrèce. Le spectacle de l’univers, et sa disproportion manifeste par rapport à l’homme, peuvent engendrer l’angoisse. Il en va de même de l’incertitude liée au caractère apparemment aléatoire de ce qui advient. D’où des quêtes plus ou moins conscientes de compensations illusoires, et des attitudes infantiles qui conjuguent la crainte et l’espoir, le souci de récompenses et la hantise de châtiments. Comme si le monde était entre les mains d’un Dieu ou de plusieurs Dieux soucieux de scruter les faiblesses et les fautes humaines, afin d’en punir les auteurs. La piété se décline alors en superstition. La peur s’installe, disqualifiant la vie réelle, voire la tenant pour nulle et non avenue. Alors commence la pitoyable errance d’une humanité humiliée, grelottant d’effroi en regardant le ciel. Une sorte de qui-vive sempiternel où une culpabilisation multiforme se fait paradoxalement source de vice. La décision philosophique est alors de relever le défi de la condition humaine, et de la délivrer des pesanteurs inutiles. L’humanisme d’une telle démarche consiste à trouver dans l’homme les ressources du bonheur au lieu de polluer la seule vie réelle qu’il nous soit donné de vivre par des frayeurs irrationnelles et des interdits sans fondement.
Le spectacle de l’univers, et sa disproportion manifeste par rapport à l’homme, peuvent engendrer l’angoisse. Il en va de même de l’incertitude liée au caractère apparemment aléatoire de ce qui advient. D’où des quêtes plus ou moins conscientes de compensations illusoires, et des attitudes infantiles qui conjuguent la crainte et l’espoir, le souci de récompenses et la hantise de châtiments. Comme si le monde était entre les mains d’un Dieu ou de plusieurs Dieux soucieux de scruter les faiblesses et les fautes humaines, afin d’en punir les auteu