Emmanuel Kant, né en 1724 et mort en 1804 caractérise le siècle des lumières. Le philosophe passe presque toute sa vie à Königsberg (Prusse orientale, aujourd’hui Kaliningrad en Russie). Une vie bien réglée, dont les habitudes ritualisées ne seront troublées qu’une fois, par l’annonce de la Révolution Française, qui aurait modifié sa promenade quotidienne.
À l’instar de son siècle, Kant entend faire vivre dans ses œuvres l’idée de critique, qu’il prend dans son sens étymologique originaire (en grec, crinein veut dire distinguer, ne pas confondre). L’esprit critique au sens courant n’accepte aucune thèse avant de l’avoir soumise au principe d’examen en se demandant à quel titre elle peut être reçue ou au contraire rejetée. La Critique de la Raison n’en est nullement la mise en cause, mais l’examen attentif de ses démarches et de ses affirmations afin de tester leur légitimité. D’ailleurs cette critique est effectuée par la raison elle-même, qui manifeste ainsi une faculté remarquable de retour sur soi, d’autocritique. Il s’agit pour elle de distinguer et de séparer son bon usage de son mauvais usage, à la façon dont un tribunal juge une action afin de savoir ce qu’elle est et si elle est acceptable ou non. La philosophie critique, au sens kantien, radicalise cette démarche en l’appliquant aux facultés humaines elles-mêmes et à leurs productions.
Pourquoi le XVIIIème siècle fut-il celui des Lumières ?
Traditionnellement, la philosophie pose des questions, dont elle élabore les termes avec attention. Puis elle s’efforce d’y répondre aussi rigoureusement que possible. Elle rend ainsi manifeste son essence primordiale. Celle d’un art de prendre soin de ses pensées. Or ces pensées se portent sur des objets divers : le monde, la façon de s’y affirmer, les exigences de l’action, le rapport à autrui, la constitution des cités, le sens des productions humaines, etc… Deux directions de réflexion i