Depuis la Renaissance, l’Égypte est considérée en Europe comme le berceau des initiations. Bien avant Memphis-Misraïm, la franc-maçonnerie a abrité dès le XVIIIe siècle des Rites « égyptiens ». Celui de la « Haute Maçonnerie Égyptienne » de Cagliostro reste le plus connu, mais il en a existé d’autres, comme ce cénacle des « Parfaits Initiés d’Égypte ». Actif à Lyon à la fin des années 1770, on ne le connaît plus aujourd’hui que par un unique témoignage. Au lendemain de la Révolution, l’expédition en Orient du général Bonaparte allait raviver la flamme. La loge « Les Vrais Amis » demande patente au Grand Orient de France pour continuer ses travaux commencés à l’ombre des pyramides et, à Paris, l’« Ordre Sacré des Sophisiens » rassemble des Frères souhaitant redonner « force et vigueur » au culte d’Isis.
Paris sous Napoléon n’est plus Paris, mais « Bar-Isis », la cité de la barque d’Isis. Les quelques centaines de personnes qui sont revenues du Caire la tête pleine de pyramides, de hiéroglyphes et de dieux étranges insufflent dans la ville une véritable égyptomanie. La capitale vit à l’heure égyptienne dans les arts, dans la littérature… et dans les loges. Auteur de plus de cent drames et mélodrames qui font la joie des familles le dimanche après-midi au célèbre théâtre de L’Ambigu-comique, le Frère Cuvelier de Trie est connu des Parisiens c