En cette rentrée mouvementée qui allie le pire et le meilleur, l’attentat à la Préfecture de Police montre combien le danger extrémiste reste pérenne depuis 2001 et bien avant cette date historique. Fort heureusement, des voix musulmanes, mais aussi athées, juives et chrétiennes s’élèvent de plus en plus fort. Reste aux médias de leur donner vraiment la parole pour ne plus privilégier celle des meurtriers adeptes du totalitarisme. Qu’enfin la population entende et lise Abdenour Bidar, Ghaleb Bencheikh, Sonia Mabrouk, Abdel Malik et tant d’autres musulmans résolument attachés au respect de la dignité humaine et à la liberté de conscience.
Lors de l’hommage rendu au journaliste et écrivain Antoine Sfeir, ce 1er octobre jour anniversaire de son décès, nous avons vu côte à côte les actuels et anciens Grands Maîtres de plusieurs obédiences dont bien entendu la Grande Loge de France avec Marek Halter, Alain Juillet et Ghaleb Bencheikh, Président de la Fondation pour l’islam de France. Florence Berthout, Maire du 5e arrondissement de Paris qui accueillait cet hommage, a alors souligné « l’esprit fraternel constructeur de paix ». Tel était bien le message d’Antoine Sfeir, passeur infatigable entre Orient et Occident, combattant engagé contre tous les extrémismes et encore plus contre ce que l’on nomme « islamisme radical » sanguinaire. Notre pays a besoin de ces passeurs qui favorisent le dialogue et non pas la polémique afin de montrer à tous que la voie de la paix est plus belle et plus forte que celle des meurtres, empruntée par les faux religieux, soldats de haine. Ce n’est pas une affaire de gouvernement, c’est une affaire de mobilisation et, comme le dirait Daniel Dayan, de monstration.
Afin que les francs-maçons prennent l’initiative de cette mobilisation et de cette monstration, FM&S a annoncé en ce 1er octobre l’organisation d’une Journée Fraternité Occident-Orient, en mémoire d’Antoine Sfeir. Chaque année, le 25 novembre, cette Journée montrera la réalité du dialogue spirituel et interculturel avec les francs-maçons et au-delà de la franc-maçonnerie. Fraternité Occident-Orient a pour vocation de générer un vaste mouvement laïc, spirituel et républicain fondé non pas sur la tolérance — « je ne veux pas que l’on me tolère, je veux que l’on respecte ma dignité humaine » disait Antoine Sfeir –, mais bel et bien sur l’écoute, le respect de l’autre et la volonté de se connaître au lieu de celle de se combattre.
Cette année, le 25 novembre, le groupe « Fraternité Occident-Orient » se réunira pour lancer le mouvement et l’organisation de la première Journée en 2020. Certains penseront que cela ressort du domaine de l’utopie, d’autres y verront une manœuvre d’assimilation ou encore une volonté d’influence des francs-maçons sur un sujet politique. En réalité, il est naturel que les francs-maçons, à l’instar de leurs anciens, ouvrent une nouvelle voie républicaine qui aboutira, espérons-le, à construire un monde meilleur et, peut-être, à constituer un cadre légal. Il n’est pas trop tard, mais le temps est venu pour les Sœurs et les Frères de toutes obédiences à s’unir pour préserver la liberté et la fraternité en France. Les esprits chagrins estimeront cette apostrophe comme une expression du catastrophisme ambiant. Il n’en est rien ! Cet appel repose sur une analyse lucide de la fragmentation de notre société républicaine et du danger sournois d’oppositions violentes, mais aussi d’une volonté d’optimisme combattant et de celle de mettre en accord nos dires et nos actes. C’est la voie de la rectification avant qu’il ne soit trop tard. Interface entre le monde franc-maçon et celui dit profane, FM&S reste fidèle à sa vocation de mobiliser Frères et Sœurs sans aucune distinction pour ensemble porter à l’extérieur ce qui nous réunit.
