Si, comme l’avait soutenu en son temps le sociologue André Siegfried c’est la géologie qui fait l’Histoire, l’assertion vaut tout particulièrement pour l’Anjou, territoire qui se divise en deux parties bien distinctes à la fois sur le plan géographique et politique. À l’ouest d’Angers, l’Anjou noir, conservateur et catholique se rattache au Massif armoricain avec ses granites et ses schistes. À l’Est, autour de Saumur, l’Anjou Blanc républicain, prolonge les terres calcaires et alluvionnaires de la Touraine. Cette dualité se retrouve très clairement dans la carte d’implantation de la franc-maçonnerie, cinquante ans avant les cruelles guerres de Vendée qui ont durablement marqué la région.
La franc-maçonnerie s’est implantée dès les années 1740 à Angers avant d’atteindre Saumur par le biais des loges militaires. On notera que toutes les loges recensées avant la révolution se rencontraient dans la partie orientale de l’Anjou. Aucune d’entre elles n’est recensée à l’ouest, dans les Mauges et le Ségréen. Sans que le calque soit parfait, cette répartition délimitera plus tard territoires républicain et chouan. Cette dichotomie entre Est et Ouest s’explique aussi en partie par le fait que le Val-Saumurois fut avant 1685 une terre prote