Depuis les origines de la franc-maçonnerie obédientielle, il est de bon ton pour nos frères anglais d’avoir un membre de la famille royale à leur tête. Pourtant, manque au palmarès une seule personne : le roi lui-même !
Tout commence en 1919 lorsque le jeune Prince Albert, duc d’York et Lieutenant de la Royal Navy est initié à la Navy Lodge N° 2612. Féru de maçonnerie, membre de cinq autres loges, il devient vénérable maître de son atelier malgré une infirmité, le bégaiement. Un bégaiement qui chose étonnante ne se manifestait pas lorsqu’il récitait son rituel. Membre de l’Arc Royal et de la Rose-Croix, il est nommé 1er grand surveillant en 1923 et grand maître provincial du Middlesex l’année suivante. Très actif, il participe à de nombreux grands événements et devient grand maître provincial de la Marque.
En parallèle, son frère, le prince de Galles suit son propre parcours maçonnique. En 1935, la Grande Loge d’Écosse s’apprête à célébrer son bicentenaire. Ses membres choisissent, ou plutôt œuvrent à faire accepter l’idée que le prince de Galles devienne leur grand maître. La chose est actée, mais en janvier 1936, le roi George V meurt et le prince de Galles devient Édouard VII. Il ne peut ainsi accéder à la grande maîtrise en Écosse pour un faisceau de raisons évidentes. La Grande Loge d’Écosse se tourne alors vers le duc d’York. Mais un nouvel obstacle se dresse : pour accéder à la grande maîtrise, il faut être membre d’une loge en Écosse ! Le duc d’York a alors le choix. Il peut demander à être accepté dans n’importe quelle loge du pays, de la plus mondaine à la plus célèbre. Son choix se portera sur la Glamis Lodge No. 99, petite loge rurale proche de la maison familiale de sa femme.
Notons d’ailleurs que le grand maître provincial d’alors, découvrant qui allait être affilié sur son territoire, cherchera à s’octroyer le privilège d’organiser la cérémonie de réception. Peine perdue ! C’est James Beattie, vénérable maître de la Glamis Lodge No. 99 et postier de la ville de Glamis qui obtiendra d’organiser lui-même les festivités le 2 juin 1936. Installé grand maître le 30 novembre 1936, le prince de retour sur le sol anglais ne pourra que constater l’abdication de son frère le 11 décembre, et devra alors renoncer à sa fonction. Mais une subtilité sera alors trouvée pour lui permettre de continuer à « maçonner » : devenir passé grand maître ! Il installera ainsi jusqu’à sa mort trois autres grands maîtres de la Grande Loge d’Angleterre. Mais, étrangement, les francs-maçons anglais ne communiquent que peu sur le fait que leur roi fut également grand maître de la Grande Loge d’Écosse, un simple « oubli » comme le note avec malice Robert L.D. Cooper, conservateur de la librairie et du musée de la franc-maçonnerie de la Grande Loge… d’Écosse.
* https://www.thecourier.co.uk/news/local/angus-mearns/243816/glamis-lodge...