Culture

C’est l’été ! Vive la rose et le rosé !

Si la couleur rose n’est mentionnée en tant que telle qu’à partir du XIXe siècle, l’analogie avec la fleur est bien plus ancienne. On parlait alors de couleur de rose. Ce qui était bien vague. Car comme chacun le sait, si les roses peuvent être roses, il peut aussi leur prendre fantaisie d’être rouges, blanches, violettes, pourpres, et même noires.

La rose, donc, fleur aussi belle et harmonieuse qu’odorante, exerce une fascination ancienne dans toutes les civilisations où elle est connue. La bible la mentionne à plusieurs reprises, surtout pour son parfum. Mais c’est le christianisme qui va lui donner toute sa puissance symbolique en faisant de la rose sans épines l’allégorie de la vierge Marie. Et par là, à la femme aimée d’un amour sublimé, mystique, ainsi qu’on la rencontre au XIIe siècle dans le Roman de la Rose.

La symbolique est telle que les bâtisseurs de cathédrale appelleront rosaces les figures entrecroisées qui accueillent comme des pétales, les couleurs chatoyantes des vitraux gothiques. Comme les chrétiens appelleront rosaire l’ensemble des prières adressées à la vierge.

Symbole mystique, la rose, associée à la croix, prend au XVIIe siècle, le sens ésotérique que les francs-maçons de la tradition écossaise accommoderont à leur manière au tout début du XIXe siècle, en érigeant le grade de rose+croix, au premier rang des dignités maçonniques.

Tantôt blanche pour les uns. Rouge pour les autres, la rose maçonnique n’est jamais rose. Un peu comme le pavé mosaïque qui n’évoque symboliquement le gris que comme couleur spéculative.

Spéculons donc sur le vin rosé et sa place entre le blanc et le rouge. On notera que nul ne parle de vin rose. Ni, du reste, de vin de rose. On dit ce vin rosé, comme s’il s’était paré de sa couleur sous l’effet de quelque émotion. Ne parle-t-on pas, aussi, entre poésie et grivoiserie, de certains vins qui sont couleur de « cuisse de nymphe émue ». Avouons que pour se livrer à d’aussi subtile évocation, il faut avoir quelque peu vécu, non ?

Le vin, toujours propice à nous entraîner vers la poésie nous dit que le rosé n’est pas vin à se pousser du col, ni même à pousser le bouchon un peu loin dans l’ordre de la prétention. Vin de soif, vin de copains, vin qui fait bon ménage avec les viandes aussi bien qu’avec les poissons, avec les desserts comme avec les entrées, à table, au comptoir, en bateau — mais pas en voiture ! —, en pique-nique, le rosé est le vin de tout le monde et de tous les instants. Et c’est surtout le vin des vacances et de l’été. Le vin des gosiers secs qui invite à la sieste sous un pin parasol.

On produit du rosé dans tous les vignobles de France. Les plus connus sont ceux de Provence et du Languedoc qui n’ont, par un étrange effet de mode, plus de rosé que le nom tant leur couleur est pâle.

Pour retrouver, donc, la couleur qui signale une bonne santé, nous irons cette fois en Savoie, vieille région viticole qui a retrouvé une belle vitalité à la faveur du tourisme. Les rosés, qui ne représentent qu’un faible pourcentage de la production totale, sont issus des cépages mondeuse, gamay ou pinot noir. On les obtient par pressurage direct du raisin ou par « saignée » des cuves durant la macération des baies de raisin. Ce sont des vins fruités marqués par pas mal de vivacité. Vins de pique-nique idéal on les appréciera surtout sur la charcuterie.

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