Nul n’est indifférent à la cornemuse (pipe) que l’on aime ou que l’on déteste. Symbole de deuil aux funérailles ou de festivités dans des circonstances heureuses, cet instrument complexe suscite bien des interrogations. Nathalie Bardieux MacKinnon qui est à l’origine du groupe « French Free Masons Pipes & Drums » nous en dit plus.
Après une carrière professionnelle bien remplie, Nathalie Bardieux MacKinnon s’est tournée vers l’apprentissage de la cornemuse. Pas facile à apprivoiser puisqu’elle est composée d’une poche ou un sac d’origine animale sensible aux variations extérieures et qu’elle comporte en plus du tuyau mélodique dans lequel on souffle, de nombreuses ornementations. Le jeu est rendu d’autant plus délicat qu’il faut alimenter en air trois bourdons qui créent le son continu.
Chaque année, lors des commémorations du débarquement sur les plages normandes, Nathalie se rend dans le Calvados, à Colleville-Montgomery. Une statue de Bill Millin, dit « Piper Bill », réalisée par Gaëtan Ader, y a été érigée afin de lui rendre hommage. En effet, c’est ici que, le 6 juin 1944, ce soldat écossais débarque en tête de son régiment en jouant de la cornemuse. La plupart de ses camarades sont tués mais les Allemands le jugeant fou l’épargneront. C’est sur cette même plage que, le 6 juin 2022, Nathalie et deux de ses amis décident de créer « French Free Masons Pipes & Drums ». C’est un groupe de musiciens francs-maçons de grades variés, aux responsabilités diverses, de toutes obédiences confondues. Il compte quinze membres (deux Sœurs, treize Frères) dont quatorze joueurs de cornemuse (pipers) et un percussionniste (drummer), venant de différentes régions de France, principalement bordelaise, bretonne, francilienne ou normande. Leur but est de proposer une colonne d’harmonie vivante substituée bien souvent de nos jours par des enregistrements. Ils offrent la possibilité d’animer tous les événements de la vie maçonnique, de l’allumage des feux lors de la création d’une loge, aux banquets d’Ordre, aux fêtes familiales ou aux tenues funèbres, des loges bleues aux loges de perfectionnement. Tous les 25 janvier, ils participent aux « Burns Nights », en l’honneur de Robert Burns, poète écossais (voir Franc-maçonnerie magazine n° 72, janvier-février 2020, p.54-55). Ils se produisent toujours en tenue traditionnelle, extrêmement codifiée, c’est-à-dire en kilt avec les accessoires adaptés au moment de la journée ou à l’importance de l’événement. Jusqu’au sporran, le petit sac suppléant au manque de poche du kilt, qui sera, selon les circonstances, de simple cuir, en fourrure ou d’argent et pourra même être orné de pierres précieuses. Cette formation accepte tout déplacement, seul ou à plusieurs, en France et en Europe, leur prestation est gratuite. Ils demandent juste d’être nourris, logés et défrayés de leurs frais de transport si besoin est. Leur répertoire va bien au-delà de Amazing grace, Flower of Scotland, Highland cathedral, les trois airs qui leur sont pourtant le plus souvent demandés. Selon la disposition des lieux, ils peuvent jouer en se déplaçant. Là aussi pas n’importe comment, ils commencent par le pied gauche, et selon un code bien défini, tournent, s’arrêtent les pieds positionnés en dix heures dix. Tout ceci rappelle les « marches » ritualisées des francs-maçons mais surtout que la cornemuse écossaise (great Highland bagpipe) est encore aujourd’hui la cornemuse militaire des armées britanniques où un ordre régimenté s’est toujours imposé. Le 6 juin 2024, pour le 80e anniversaire du débarquement de la Bataille de Normandie, ils seront présents. Pour en savoir plus et les contacter un courriel : ffmps357@gmail.com
