Situé au cœur du Berry entre Bourges et Gien, le beau village d’Aubigny-sur-Nère est riche d’une glorieuse histoire liée à la famille écossaise des Stuart, dont l’origine remonte à la guerre de Cent Ans. C’est en effet le roi Charles VII qui en 1423 fit don de la seigneurie d’Aubigny à Jean Stuart de Darnley, prestigieux chef d’armée écossaise, qui avait donné du fil à retordre aux Anglais durant la guerre de Cent Ans au nom de l’« Auld Alliance » traité d’aide mutuelle entre la France et l’Écosse conclu au XIIIe siècle sous Philippe-le-Bel.
C’est ainsi que le château d’Aubigny devint, avec Saint-Germain-en-Laye, l’un des hauts lieux de l’histoire des Stuart en même temps que de celle des débuts de la franc-maçonnerie en France. Charles Lennox, 2e duc de Richmond (1707-1750) avait hérité d’Aubigny par sa grand-mère, Louise de Kéroualle, élevée duchesse par Louis XIV par la vertu de ses charmes. Franc-maçon comme son père, le 2e duc de Richmond fut Grand-Maître de la Grande Loge de Londres en 1724-25. Il était aussi vénérable de la loge de la Horn Tavern où il eut l’honneur d’initier Montesquieu en même temps que Francis comte de Sade, le père du « divin marquis ».
En 1735, Richmond obtint patente pour installer une loge dans son château d’Aubigny. Cependant, ladite loge qui reçut nombre de personnages illustres, dont Jean-Théophile Desaguliers, ainsi que Montesquieu et nombre de hauts personnages de la cour de Louis XV, tint plus souvent ses tenues à Paris qu’à Aubigny. C’est aussi la loge d’Aubigny qui initia en 1737 Louis de Pardaillan de Gondrin, Duc d’Antin, devenu l’année suivante « Grand Maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France ».
Ce n’est que 50 ans plus tard, en 1785, qu’apparut la loge Sainte Solange à Bourges, première loge véritablement berrichonne. Ce qui n’empêcha pas un frère de déplorer en 1787 que le Berry fût la province de France où il se trouvait le moins de loges. Du reste l’initiative de créer une loge à Bourges ne vint pas d’un berrichon, mais d’un Suisse…
Cette première loge berruyère était constituée de notables, gens de lois, miliaires, nobles, et d’un prêtre, Patrocle Joly qui joua un rôle important sous la révolution. Juriste, il fut nommé procureur-syndic à Bourges en 1790 et se rangea du côté des ultras de la Révolution. Ce qui, au passage, lui permit d’acquérir certains biens de manière douteuse. Jurant fidélité à la constitution, il se défroqua en 1793, se maria avec une religieuse cistercienne dont il eut deux fils dont l’un prénommé Luzerne, jour de naissance de son rejeton dans le calendrier révolutionnaire. Dénoncé comme « terroriste » après la chute de Robespierre, il fut destitué suite à une enquête sur ses biens pas si bien acquis que ça… Reconverti comme avocat, il devint tout naturellement bonapartiste et retrouva les colonnes de la loge Sainte Solange reconstituée en 1806. Demeuré franc-maçon jusqu’à sa mort en 1816, il passa à l’Orient éternel accompagné des sacrements de l’Église.
Ce drôle de paroissien se fit élire conseiller du département du Cher à Sancerre, capitale du plus prestigieux des vignobles de la région. Nul doute qu’il dut fêter l’événement en vidant quelques flacons du fameux nectar. Profondément affecté par la crise du phylloxéra au XIXe siècle, le vignoble de Sancerre connut une véritable révolution qualitative dans les années 1970 avec de nouvelles plantations et un soin particulier apporté à la vinification du sauvignon, qui donnent ici des vins au goût caractéristique de « pierre à fusil » qui font merveille sur les fruits de mer. Le vignoble de Sancerre occupe 2800 ha sur 14 communes, dont celle de Chavignol aujourd’hui rattachée à Sancerre, où l’on élabore le fameux « crottin » apprécié des amateurs de fromage de chèvre. Sancerre produit aussi d’excellents vins rouges à base de pinot noir et du rosé de façon plus confidentielle.