Inscrit par l’UNESCO, depuis 2010, au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, le Compagnonnage est désormais reconnu mondialement pour « la spécificité de son enseignement professionnel et moral, ses traditions et la capacité à les transmettre ». Les 10 000 Compagnons initiés du Tour de France se répartissent dans une trentaine de corps de métiers différents. S’y distinguent trois grandes organisations : la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment et autres activités, l’Union compagnonnique des Devoirs Unis et l’Association ouvrière des compagnons du Devoir. Le musée du Compagnonnage de Tours, créé en 1968, est le seul à ne dépendre d’aucune. Pour lever le voile sur leur histoire passée et contemporaine, c’est donc tout naturellement que notre questionnement s’est tourné vers son directeur, Laurent Bastard.
D’emblée, cet érudit, héritier de quatre générations de compagnons tanneurs-corroyeurs du Devoir, nous précise : le seul point commun avec la franc-maçonnerie est leur statut de structures initiatiques. Certes, il y aura une ossature similaire : des rituels, différents selon les corporations, mais n’aboutissant qu’à un seul grade, celui de Compagnon. En effet, l’apprenti n’est qu’un aspirant, le maître, un patron. Certains emprunts sont communs comme celui au légendaire judéo-chrétien avec la légende d’Hiram. La chaîne d’union devient la cha