Les francs-maçons du Droit Humain disparus dans la tourmente 1940-1945 - Émulation - Le troisième degré au cœur de la Franc-Maçonnerie spirituelle - Joseph Kessel, l’indomptable - Le rêve de l’assimilation, de la Grèce antique à nos jours - Arthur Conan Doyle, l’histoire extraordinaire du créateur de Sherlock Holmes
Essai
Les francs-maçons du Droit Humain disparus dans la tourmente 1940-1945
Tome 1
De Catherine Monjanel
150 pages – 20 € (ouvrage disponible à la librairie du Droit Humain)
Catherine Monjanel signe un ouvrage poignant : les biographies de dix francs-maçons du Droit Humain dont la vie a été arrachée brutalement pendant l’Occupation parce qu’ils étaient juifs, résistants ou les deux. Raphaël Barouch était né en Turquie en 1890, naturalisé français en 1926, il n’aspirait « qu’à vivre en paix et à préparer un bel avenir à ses enfants ». Un citoyen ordinaire, comme tant d’autres. Entré au Droit Humain, à la loge Maria Deraismes n° 1 le 20 mai 1928 il voulait « côtoyer des Français de souche, apprendre dans un climat de fraternité » nous révèle l’auteure. Yvonne Laure Bellot, dite Yo Laur, née en 1879, artiste peintre, première femme nommée « peintre officielle de l’Air », membre de la loge Marie Bonnevial n° 4 a été déportée à Ravensbrück, soupçonnée de résistance. Elle y a dessiné la vie dans les camps. Ses dessins, dissimulés jusqu’à la Libération et reproduis dans cet ouvrage constituent un témoignage exceptionnel. Il y eut aussi Berthe Bouchet (née Boulanger), future grand-mère de Jack Lang (ancien ministre de la Culture) initiée à la loge Paix et Humanité n° 36 à Nancy. Ses fréquentations résistantes et son refus de nommer ses Frères et Sœurs ont contribué à son arrestation. Citons enfin Camille Charvet (née Kahn), agrégée de sciences physiques et naturelles qui fut l’élève de Marie Curie. Syndicaliste, elle a milité pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Autant de vies, autant de parcours, qu’avec ses mots Catherine Monjanel nous rend familiers. Tous engagés, pétris d’idéal républicain, tous pris pourtant dans les tenailles de l’Histoire. Le lecteur appréciera la reproduction de documents d’archives : enquêtes de police, dénonciations dans le Journal Officiel, lettres anonymes, mais aussi documents maçonniques. Un ouvrage au service de l’Histoire.
Essai
Émulation
Le troisième degré au cœur de la Franc-Maçonnerie spirituelle
De Gérard Mayau
Éditions Cépaduès
220 pages – 22 €
Le rite Émulation a en commun avec tous les rites anglo-saxons d’être l’héritier direct du « Rite des Anciens » pratiqué en Angleterre après la fusion des Grandes loges en 1813. En France, il n’est pas celui qui est le plus pratiqué, et il est souvent mal connu. D’où l’intérêt de cet ouvrage. Afin de clarifier le propos, dans une première partie l’auteur s’attache à retracer le contexte historique et politique de la naissance de la Première grande loge de Londres en 1717 – rappelant la volonté des pères de la franc-maçonnerie de créer une religion universelle – pour ensuite esquisser « l’esprit » du rite Émulation, qui s’inscrit dans une tradition orale. L’auteur propose ici d’en livrer sa propre vision dans un style clair et concis, faisant toujours le lien avec Newton, Desaguliers, la Royal Society. « Ce rituel, nous dit-il, contient toute la dimension spirituelle insufflée par les fondateurs de la franc-maçonnerie symbolique. » Si la Bible y tient une place prédominante, les références chrétiennes du rite sont présentées de manière symbolique et allégorique. Gérard Mayau souligne aussi toute l’importance de la variété des traductions des textes du rituel, ce qui influe sur leur interprétation. Un livre au contenu riche et stimulant pour qui cherche à approfondir ses connaissances.
Bande dessinée
Joseph Kessel, L’indomptable
De Judith Cohen-Solal, Jonathan Hayoun et Nicola Otéro
Éditions Steinkis
120 pages – 20 €
Quand on pense à Joseph Kessel, les mots et qualificatifs se bousculent en quelques instants : flamboyance, énergie, soif de connaître, soif de rencontres, soif de voyages, passion pour les femmes, pour le jeu, pour l’écriture et la transmission, mépris du danger, fascination pour la violence et la guerre. Cet inventaire à la Prévert est forcément incomplet, tant l’homme est multiple. Les auteurs de ce magnifique roman graphique se sont saisis de l’homme Kessel. Mais ils n’ont pas prétendu à l’exhaustivité, un autre qu’eux l’a fait dans une biographie monumentale et incontournable aujourd’hui encore, celle d’Yves Courrière, publiée en 1985, disponible au format poche. Tout est connu, établi. Ils sont partis d’un document inédit, qui leur a été confié : un entretien enregistré quatre ans avant sa mort par son filleul, Jean-Marie Baron. Étonnante rencontre entre ce jeune homme et le vieux baroudeur membre de l’Académie française. Kessel est dans un rêve quasi permanent entre enthousiasme, tristesse et mélancolie, ainsi autour du suicide de son frère. Nous vivons avec lui, nous vibrons aussi… son enfance ballottée, les deux guerres mondiales, la naissance d’Israël… Nous mesurons sa passion pour l’écriture, sa curiosité sans limites. Nous entrons dans sa démesure et comprenons comment et pourquoi il a connu un demi-siècle de succès internationaux. Ces confidences sont servies par un dessin qui lui aussi emporte le lecteur, et rend parfaitement compte de son univers singulier. Denis Lefebvre
Essai
Le rêve de l’assimilation
De la Grèce antique à nos jours
De Raphaël Doan
Éditions Passés/Composés
344 pages – 22 €
Alors même que l’assimilation est inscrite dans notre code civil « Nul ne peut être naturalisé s’il ne justifie de son assimilation à la communauté française » (article 21-24), les tensions se cristallisent à la seule évocation de ce terme. Reliquat du passé colonial pour certains, aux relents nauséeux de discriminations raciales, symbole d’ouverture pour d’autres, associé à un idéal universaliste… Que signifie-t-il exactement ? Dans le cadre de cet ouvrage, Raphaël Doan le définit ainsi : « les pratiques culturelles, politiques et juridiques issues d’une volonté de changer les mœurs d’une population pour transformer des étrangers en semblables. » Une définition qui appelle tout de suite une remarque de l’auteur : « Si l’on tient à ce que l’étranger devienne notre semblable, l’assimilation est incompatible avec le racisme. » Une fois ceci posé, l’auteur entreprend de dresser un panorama des pratiques d’assimilation depuis l’Antiquité dans six civilisations : La Grèce, Rome, le monde Arabe, la France (coloniale et métropolitaine), le Japon et les États-Unis. Ceci dans le but d’éclairer notre monde contemporain, marqué par les crises migratoires. Faut-il vouloir rendre l’étranger semblable à nous ? Pourquoi assimile-t-on ? Quel projet de société traduit l’assimilation ? Raphaël Doan tente de répondre à ces questions sans faire d’impasses ni passer à côté des contradictions que recèle l’histoire humaine, en partant toujours de faits réels pour avancer dans son propos. À lire absolument.
Essai
Arthur Conan Doyle
L’histoire extraordinaire du créateur de Sherlock Holmes
De François Rivière
Éditions Tallandier
240 pages – 29,90 €
Ces dernières décennies, François Rivière a publié de nombreuses biographies consacrées à des écrivains et écrivaines : Agatha Christie, Frédéric Dard, Hergé, Jacobs… Chacun de ses livres est une mine d’érudition, offrant un beau plaisir de lecture, tant le style est vivant.
Son nouveau titre est de la même veine. Il est consacré à Arthur Conan Doyle, entré dans l’histoire comme le créateur de Sherlock Holmes. Rivière nous raconte la gestation de ce détective, comment il a occupé la vie de son créateur, au point de devenir bien encombrant. Doyle a même tenté de le faire mourir… mais a dû reculer devant les protestations indignées de lecteurs dans le monde entier !
Il a eu des maîtres en écriture, Edgar Poe, Walter Scott, Stevenson. Au fil des pages, nous comprenons ses mécanismes d’écriture, marqués du sceau de la déduction pure, rendue possible par une approche scientifique des énigmes : ce décryptage est impressionnant. Nous pénétrons dans sa vie, et comprenons qu’il a certes connu la réussite, avec à la clé une grande aisance financière, mais au prix de rudes travaux et recherches : l’homme a été une bête de travail. Mais il y a plus. Si François Rivière n’évoque pas l’appartenance de Doyle à la franc-maçonnerie – il avait été reçu au début du XXe siècle master masson par la loge Phoenix n° 257 de Portsmouth – il nous fait vivre son héros comme passionné par le mouvement spiritualiste, convaincu de la possibilité de communiquer avec l’au-delà et de l’existence de la vie après la mort. Il a effectué dans de nombreux pays des conférences sur ces questions qui ont déplacé un public convaincu et même enthousiaste – l’homme était aussi un propagandiste hors pair – et a consacré à ces questions des ouvrages, qui eux aussi ont remporté le succès. Il reste aujourd’hui encore un des grands acteurs de ce qu’on dénomme les littératures de l’imaginaire. Ce livre de François Rivière réserve de nombreuses et belles surprises, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Denis Lefebvre
Et aussi…
Les Cahiers de République Universelle
Une loge d’étude et de recherche du Grand Orient de France
N° 4
Éditions Matériologiques
Enfers et délivrance
De Irène Mainguy
Vérone Éditions
Humanisme
Revue des francs-maçons du Grand Orient de France
Le (vrai) pouvoir des francs-maçons
N° 340
Conform éditions
Points de Vue Initiatiques
Revue de la Grande Loge de France
Spirituel et temporel
N° 209
Pourquoi les francs-maçons veulent-ils reconstruire le temple ?
De Yonnel Ghernaouti
Éditions Dervy
Pannoia
Le secret de la sixième croisade
De Christophe Lassagne
Éditions Détrad aVs