Pâques célèbre la résurrection de Jésus identifié à une victime innocente — l’Agneau de Dieu — sacrifiée pour racheter les péchés des hommes (Agnus Dei qui tollis peccata mundi). Et c’est pour commémorer ce sacrifice que nos cuisines embaument l’agneau à Pâques ! Car il n’y a rien de tel que d’instaurer une coutume pragmatique et gourmande pour fédérer une communauté et pérenniser une tradition, même quand on n’est pas — ou plus — soi-même pratiquant et qu’en quelque sorte, le symbole redevient païen.
On se demande bien pourquoi, en 345 ap. J.-C., le moine Évagre le Pontique, systémisant la pensée ascétique chrétienne, définit huit déviations (logismoï) dans son ouvrage La Réfutation, parmi lesquelles le pape Grégoire le Grand en entérina sept au Vie siècle (les 7 péchés capitaux) — dont la gourmandise —, alors que depuis son avénement, le Christianisme substitua aux fêtes païennes des traditions toujours assorties d’une nourriture symbolique rythmant les temps de l’année liturgique.
C’est ainsi que l’agneau pascal est un mets devenu rituel