Le département normand du Calvados, créé en mars 1790 doit son nom à l’aspect dénudé et bosselé d’une partie de sa côte, calva dorsa signifiant « bosse chauve » en latin.
Encore fortement marqué par la tradition catholique, le Calvados fut pourtant très tôt touché par la Réforme. Une grande partie de la bourgeoisie marchande, mais aussi de très nombreux paysans y furent dévotement protestants avant que la révocation de l’Édit de Nantes ne fasse presque totalement disparaître l’implantation réformée dans le département. L’implantation historique de la franc-maçonnerie doit beaucoup à cette tradition.
La présence d’une vingtaine de loges dans le Calvados est attestée, dès les années 1730-1740. Florissantes à Caen, à Lisieux et Bayeux, elles furent essentiellement composées de bourgeois citadins, de militaires et même de religieux de haut rang à l’instar de l’évêque Claude Fauchet (1744-1793). Ce prêtre révolutionnaire aurait été initié à la très illustre loge Les Neuf Sœurs. Il fut l’un de ceux, qui sabre en main, conduisirent la prise de la Bastille. Élu évêque constitutionnel de Caen, il fut à deux reprises représentant du département à la Convention. Il s’opposa à la mort du roi et se rapprocha des Girondins. Ce qui le conduisit à l’échafaud.
Mais la grande figure maçonnique du département fut Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) natif de Beaumont sur Auge où trône sa statue inaugurée en 1932. Mathématicien et astronome, il appartient avec Chaptal, Gay-Lussac et Arago à la galerie des savants francs-maçons de l’Empire. Après avoir été révolutionnaire, Laplace devint bonapartiste dévot. Il fut élu officier du Grand Orient de France en 1804.
Mais après l’Empire la franc-maçonnerie du Calvados connut un long sommeil qui ne cessa qu’avec les débuts de la IIIe République quand une franc-maçonnerie « de combat » ouvertement anticléricale se reconstitua sur le fondement d’idées laïques et républicaines. Les lois antimaçonniques de Vichy mettront un coup d’arrêt brutal à cette sociabilité de conviction et plusieurs maçons caennais et trouvillais paieront de leur vie leur engagement dans la Résistance. À Caen, Marcel Girard qui appartenait à la loge Thémis du Grand Orient de France, loge fondée en 1772, fut le responsable militaire clandestin de la région ouest couvrant quatorze départements.
Hasardeusement et difficilement reconstituée après la guerre, la franc-maçonnerie calvadosienne, quoi qu’aujourd’hui bien présente avec une douzaine de loges de toutes obédiences pour environ cinq-cents frères et sœurs n’a cependant retrouvé ni l’importance ni l’influence qu’elle avait jadis.
Que des « santés » soient portées avec le secours de cette « poudre fulminante » qui porte le beau nom de calvados est un hommage porté à leur terroir par les frères et les sœurs de la région. Cette eau de vie de pomme qui se décline entre calvados et calvados du pays d’Auge est élaborée à partir de cidres provenant de variétés de pommes acidulées et fruitées de lointaine ascendance basque. Les producteurs peuvent adjoindre une plus ou moins grande quantité de poires à leur préparation.
C’est en vieillissant dans des foudres de chêne que le calvados prend sa belle couleur ambrée et qu’il développe ses arômes de fruit mûr teintés de vanille. C’est en particulier le cas du « Vénérable », une sélection de vieux alcools produits par le domaine Roger Groult à Valorbiquet, non loin de Lisieux.
Le calvados « hors d’âge » Michel Bréavoine à Pont-L’évêque est lui aussi une valeur sûre.