Culture

Le maçon mystère du n°85 Qui suis-je ?

Bien que né juif berlinois, j’ai passé la majorité de ma vie en France que je considère comme ma seconde patrie. J’y ai composé mes œuvres majeures. 

De famille très aisée, je suis fils d’un raffineur de sucre de bon renom. En 1815, mon père est considéré comme la première fortune de Berlin. Très cultivé, il œuvre pour améliorer le sort des juifs prussiens qui ne bénéficient pas encore de la citoyenneté prussienne. La charité de ma mère et la noblesse de son comportement m’ont marqué d’une empreinte profonde. Elle s’attache à accueillir chez nous les artistes et la haute élite intellectuelle des membres de la Cour impériale. Dès mon plus jeune âge, je suis en contact avec les plus grands musiciens de mon époque. Mon éducation m’ouvre au cosmopolitisme. Je suis vu comme un enfant prodigue, car à neuf ans j’ai été capable de jouer le concerto en ré mineur de Mozart. J’ai rapidement acquis une réputation de brillant pianiste. C’est à Vienne que j’ai donné mon premier concert de piano qui a remporté un vif succès. De 1803 à 1807, j’ai étudié la composition musicale, très attiré par l’opéra. J’ai emprunté le nom de mon grand-père maternel que je porte et italiénisé en Giacomo mon prénom allemand de Jakob. En 1812, suite au décès de mon grand-père maternel, j’ai accolé son nom à mon troisième prénom, me faisant désormais appeler d’un nom, en un seul mot, qui devient mon nom de compositeur. À la même époque, je promets solennellement à ma mère de rester fidèle à la religion de mes ancêtres et de ne jamais me convertir. En 1814, je me suis rendu pour la première fois à Paris, émerveillé par sa vie culturelle. Deux ans plus tard, je voyage dans toute l’Italie et recueille des chants populaires siciliens. J’ai été influencé par Rossini qui m’a inspiré de nombreuses œuvres. Mes premières compositions eurent peu de succès. En 1826, je me suis installé Paris. Je me marie la même année avec ma cousine Minna. À partir de 1827, je commence une collaboration fructueuse avec le librettiste Scribe. Notre première œuvre a obtenu un énorme triomphe. À partir de 1832, je suis honoré de nombreuses distinctions dont la Légion d’honneur. En 1836, je reviens à Berlin pour me consacrer davantage à ma famille. Malheureusement ma femme n’aime pas la vie parisienne et me décide à m’installer définitivement à Berlin avec nos filles. Par ailleurs en 1840, l’accession au trône de Frédéric-Guillaume IV va être positive, car elle permet l’émancipation des Juifs prussiens. Bénéficiant de ce changement de situation, je suis nommé directeur général de la musique de l’Opéra royal de Prusse. Ma nomination est à souligner, car pour la première fois, elle permet à un Juif d’occuper une fonction officielle dans ce pays. J’y ai appris à composer un art au style éclectique inspiré des trois influences allemandes par l’harmonie, italienne par la méthode et française par le rythme.
Sur le plan maçonnique, bien que la date de mon initiation ne soit pas certaine, j’ai été reçu en 1842 à la loge parisienne des Sept Écossais Réunis. J’ai aussi été membre de plusieurs autres loges : La Renaissance par les Émules d’Hiram, Les Trinosophes et été fait membre d’honneur de la Clémente Amitié et des Frères Unis Inséparables à laquelle je me suis affilié en 1864. Je bénéficie d’une progression rapide, puisque je suis passé 33e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, trois ans plus tard. À partir de 1853, je participe à une liste de souscription pour l’hôtel du Grand Orient de France. En 1863, malgré mon état de santé, je reviens à Paris pour assister aux répétitions de mon dernier opéra. J’y meurs et mon ami et Frère le maréchal Magnan assiste à mes funérailles. Toute ma vie j’ai souffert de l’antisémitisme, bien que j’aie vécu simplement et que j’ai été généreux vis-à-vis des artistes dans le besoin. J’ai été un compositeur d’opéras célèbre dans toute l’Europe, mais ma renommée après ma mort est tombée dans l’oubli. 

Solution du « maçon mystère » du n° 84 :
Il s’agissait de Jean Macé (1815–1894), fondateur de la Ligue de l’enseignement et auteur de : Les Vertus d’un Républicain ; La Grammaire de Melle Lili ; La France avant les Français ; L’Histoire d’une bouchée de pain ; L’Arithmétique de grand-papa ; Les Serviteurs de l’estomac ; etc. En 1864, avec l’éditeur Hetzel et Jules Verne, Jean Macé fonde le « Magasin d’éducation et de récréation ».

 

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