Je suis né en Hongrie au début du XIXe siècle. Je suis contemporain de divers compositeurs : Frédéric Chopin, un ami ; Robert Schumann, Richard Wagner dont je serai le beau-père.
Enfant, j’entame une carrière internationale de pianiste virtuose, puis je deviens compositeur et chef d’orchestre. Ma musique est représentative du courant romantique. Mon père joue comme violoncelliste dans l’orchestre du prince hongrois Esterházy. Musicien, il repère rapidement mes dons et favorise ma carrière d’enfant prodige. Je donne mon premier concert de piano dès l’âge de 11 ans. Grâce à l’aide financière d’aristocrates hongrois, je peux suivre des cours de piano et de composition à Vienne puis séjourner à Paris où je découvre la vie culturelle et artistique. Je souhaite entrer dans les Ordres, mais mon père s’y oppose. Reconnu comme un des plus grands virtuoses du piano en Europe, je donne de nombreux concerts. À la mort de mon père, je peux mettre fin à ma carrière de jeune prodige. Ma vie sentimentale est compliquée. Après avoir eu plusieurs liaisons avec des aristocrates, je vis durant dix ans avec la comtesse Marie d’Agoult. Elle est la mère de mes trois enfants. Je donne fréquemment des récitals à but caritatif. Je participe à des œuvres sociales, parfois au détriment de mon activité créatrice. Revenu dans mon pays natal, je reçois un accueil particulièrement enthousiaste. J’y approfondis la culture musicale bien que je ne parvienne pas à en bien parler la langue. Après ma séparation d’avec Marie d’Agoult, je rencontre la princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein à Kiev. Je vois en elle une compagne idéale pour commencer une nouvelle vie de composition. Nous vivons à Weimar.
Durant quatorze années, je suis confronté à de nombreuses incompréhensions liées à mes conceptions novatrices. Ma promotion d’une musique nouvelle rencontre une hostilité ce qui m’amène à abandonner mon poste de maître de chapelle. Perfectionniste et n’étant jamais satisfait, je fais des versions innombrables de chacune de mes compositions. Ma compagne tente auprès du pape, sans succès, d’obtenir son divorce. Après notre rupture, âgé de 50 ans, je me rends à Rome. Je souhaite donner une nouvelle orientation à ma carrière en composant des œuvres liturgiques. Je suis sensible aux idées de Lamennais que je connais personnellement. Elles renforcent mon penchant pour le mysticisme et la spiritualité. Je rejoins le Tiers-Ordre franciscain, ce qui me vaut d’être appelé « abbé » en France. Durant les quinze dernières années de ma vie, je partage mon temps entre trois capitales : Budapest, Rome et Weimar.
Alors que je donnais des concerts à Francfort-sur-le-Main, les procédures de mon admission en franc-maçonnerie furent écourtées pour que je puisse être reçu apprenti maçon, le 18 septembre 1841, à la loge Zur Einigkeit. Six mois plus tard, en tournée à Berlin, je passe compagnon à la Loge Royal York et je suis nommé membre d’honneur de la plus ancienne loge de la ville, Zur Eintracht, fondée par Frédéric II de Prusse. En présence de Guillaume II, futur empereur d’Allemagne, je suis reçu le même jour compagnon et maître. L’année suivante je participe à une fête organisée par les deux loges de Cologne dans le but de collecter des fonds pour l’achèvement de la cathédrale. En 1844, je tiens la colonne d’harmonie de la loge L’Anglaise de Bordeaux. Un peu plus tard, je donne un concert public au profit de la loge La Sincérité de Reims pour l’ouverture d’une école de musique, destinée aux pauvres. J’ai composé une pièce maçonnique pour piano et quatre voix Le chœur des Travailleurs. Pendant de nombreuses années, je ne réponds plus aux nombreuses sollicitations des loges, ce qui me vaut d’être radié sauf de celle de Zurich Modestia cum Libertate dont je suis membre d’honneur. À la suite d’une pneumonie, je passe à l’Orient éternel à Bayreuth. J’y suis inhumé. Une place du Xe arrondissement de Paris porte mon nom.
Solution du maçon mystère du n° 89
Il s’agit de Philippe Suchard, né le 9 octobre 1797, à Boudry, près de Neuchâtel, en Suisse. Ce novateur mit sur pied la plus grande entreprise chocolatière de Suisse. Il logea son personnel dans des maisons ouvrières au sein de la Cité Suchard.