Culture

Lyon, capitale de l’ésotérisme Esprit du vin, es-tu là ?

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Est-ce la brume montant du Rhône et de la Saône qui durant de longs mois enveloppe la ville d’un manteau de mystère ? À moins que ce ne soient les traboules, ces passages au parcours incertain défiant l’intrication des hauts immeubles du vieux Lyon ? Ou encore ces « arêtes de poisson, mystérieux réseau de galeries souterraines qui jalonnent le sous-sol de la Croix Rousse ? 

 

Toujours est-il que la « Capitale des Gaules » peut se targuer du titre de capitale de l’ésotérisme tant la ville rassemble dans sa géographie de témoignages d’intérêt pour l’occulte, et, plus encore dans son histoire, de témoins de l’invisible. Parmi ceux-ci, nombreux furent ceux qui influencèrent la franc-maçonnerie, l’incitant à prendre les chemins souvent hasardeux de l’occultisme au nom le plus souvent d’une tradition chrétienne empruntant bien davantage à la gnose, à la théurgie, à la magie, à la mystagogie et même à l’alchimie qu’aux principes, trop terre à terre pour certains, du simple amour du prochain.
Au premier rang de ces « cherchants » Lyonnais se dresse la haute figure de Jean-Baptiste Willermoz -1730-1823. Ce mystique, fils de soyeux, fut, avec son père à l’origine d’un « Souverain chapitre des chevaliers de l’aigle noir Rose-croix » avant d’adhérer à la doctrine des Élus Coëns de Martinès de Pasqualy tout en pratiquant une alchimie du Grand Œuvre destinée à retrouver la pureté des premiers chrétiens. Il rejoindra ensuite la Stricte Observance dans les années 1770, dont il devint chancelier du chapitre de Lyon. C’est sous son impulsion que se réunit le “Convent des Gaules”, à Lyon, en 1778 qui reconnut les grades de Profès et Grands Profès et constitua l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité sainte.
Cagliostro est le second personnage clef de la maçonnerie lyonnaise. Il fonde en décembre 1784 La Sagesse Triomphante, loge mère du rite Égyptien dont il se proclame “Grand Cophte”. Il l’installe aux Brotteaux, à l’emplacement occupé actuellement par un fameux restaurant. On trouve dans le rite de Cagliostro une quantité de références à la kabbale et à l’alchimie, des rites complexes de purification et de consécration et, surtout, l’intervention d’un enfant servant de médium, que l’on appelle la « Colombe ». Willermoz, qui vit dans la maçonnerie de Cagliostro une démarche antichrétienne s’en tiendra éloigné.
C’est à la fin du XXe siècle, à une époque où triomphe chez la majorité des francs-maçons, un scientisme naïf et quasi religieux, que Lyon devient une pépinière d’occultistes, de gnostiques, de martinistes, de spirites qui joueront un rôle considérable dans l’invention des grades qui caractérisent les relations particulières que la maçonnerie dite « égyptienne » entretient avec l’ésotérisme chrétien. Gérard Encausse alias Papus, Jean Bricaud et Constant Chevillon, autant de maçons lyonnais atypiques incarnent cette bien particulière tradition confinant parfois avec l’évocation des esprits. — voir article p.26. 
Mais que l’on se rassure ! S’ils ont été jusqu’à parfois pratiquer une forme de spiritisme, ces maçons spiritualistes ne dédaignaient pas pour autant l’esprit du vin qui d’ailleurs tient sa place dans certaines élévations. Du reste, il n’est pas rare que certaines tenues de haut vol se prolongent dans un de ces fameux bouchons où l’on déguste certains plats bien lyonnais comme le gras-double ou le tablier de sapeur accompagnés de vins régionaux. Parmi ceux-ci, si les beaujolais font encore office de vedette, ils doivent compter avec ces prestigieux nectars que sont les Condrieu et Côte-Rôtie provenant des pentes escarpées qui dominent le Rhône autour d’Ampuis, au sud de Vienne. Deux cépages en font la gloire : la syrah en rouge et le viognier en blanc. Ce dernier s’illustre merveilleusement sur le terroir de l’appellation Condrieu où des éboulis de schiste sur terrasses donnent un vin élégant aux subtils arômes de violette et d’abricot. Un peu de viognier peut aussi se marier à la syrah sans rien lui faire perdre de sa tenue violine, dans l’élaboration des Côte-Rôtie.
Contemporaine de Willermoz et de Cagliostro, la maison Vidal-Fleury d’Ampuis fut fondée en 1781. Ce qui en fait la plus ancienne de la vallée du Rhône. Elle élabore, élève et commercialise des vins issus des meilleurs terroirs qui bordent le couloir rhodanien.

 

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