À la descente du transatlantique Arizona, la douane new-yorkaise tente de se frayer un passage à travers la cohorte de reporters venus glaner les premières impressions d’Oscar Wilde (1854-1900). Désignant ses deux immenses malles, elle demande au voyageur : « Avez-vous quelque chose à déclarer ? » Emmitouflé dans un épais manteau de fourrure, l’esthète répond avec la modestie qui caractérise déjà le jeune homme de 28 ans : « Je n’ai rien à déclarer, si ce n’est mon génie ». En ce matin du 2 janvier 1882, le ton de ce voyage d’un an à travers les États-Unis est donné.
Celui qui était devenu la coqueluche du Tout-Londres avec son allure de dandy baudelairien, son intelligence flamboyante et son dévastateur sens de l’humour, s’est laissé séduire par une idée, celle de Richard d’Oyly Carte. Ce promoteur de spectacles américain propose à Wilde de réaliser, au cours de l’année 1882, une tournée de conférences à travers les États-Unis. Source de revenus plus que bienvenue, ce voyage itinérant sera également pour lui l’occasion de faire la promotion du recueil de poèmes qu’il vient de publier. En plus de la notoriét