Culture

« Voir la Terre, c’est pour moi l’étudier. »

Elisée Reclus, aquarelle par Norbert Waysberg

Depuis la proue du streamer Philadelphie, Élisée Reclus (1830-1905) cherche l’horizon. En vain. La nuit est d’encre. Mais soudain le reflet de l’aurore révèle la silhouette azurée d’une montagne, un splendide manteau de verdure et enfin le port panaméen d’Aspinwall. 

Contraint à l’exil par le coup d’État du 2 décembre 1851, ce républicain convaincu gagne l’Angleterre puis l’Irlande avant d’entreprendre, en décembre 1855, ce long périple vers le Nouveau Monde. Loin de la vieille Europe et des cours de géographie qu’il a suivis à Berlin auprès de Carl Ritter, l’un des fondateurs de la discipline, le jeune homme de 25 ans nourrit un projet un peu fou, celui de se lancer dans l’exploitation de bananes, de café et de canne à sucre en Nouvelle-Grenade, l’ancienne Colombie. 
Après plusieurs jours de traversée de

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