Les Loges du XVIIIe siècle sont une réalité complexe, polymorphe… et paradoxale. Elles abritent à la fois les échos des idées nouvelles et les vestiges de traditions séculaires. Après les grades d’Apprenti, Compagnon et Maître, plus ou moins hérités de la maçonnerie de métier, les Frères poursuivent leur chemin initiatique au travers de « hauts grades ». Outre un contenu ésotérique, beaucoup de ces hauts grades ont une forte dimension chevaleresque. Chevalier d’Orient, Chevalier du Soleil, Chevalier Kadosh… ces rituels ont profondément marqué de leur empreinte la franc-maçonnerie. La plupart des régimes maçonniques en sont venus à s’organiser sur le modèle de la chevalerie, voire à se transformer en ordres de chevalerie. D’autant que cette dimension chevaleresque a aussi touché les grades symboliques comme en témoignent la consécration au grade d’Apprenti ou la remise du cordon au grade de Maître. C’est pourquoi la question de la chevalerie est un vrai sujet pour mieux cerner et mieux comprendre la nature de la franc-maçonnerie.
L’idée de chevalerie dans la première Maçonnerie
Curieusement, on l’oublie trop souvent, c’est dans les Constitutions d’Anderson elles-mêmes que l’on trouve le premier rapprochement entre chevalerie et Maçonnerie. « On pourrait prouver – écrit le pasteur Anderson – que les Ordres de Chevalerie Militaire & Religieux, ont emprunté dans la suite des temps plusieurs usages ou pratiques solennels de la vénérable Fraternité ». Ce court paragraphe établit, au cœur même du texte fondateur de la Maçonnerie spéculative, une relation, présentée com