Depuis le XVIIIe siècle, et jusqu’à aujourd’hui, le système d’enseignement mis en œuvre par la franc-maçonnerie est double. Le Maçon passe d’abord par les grades d’Apprenti, Compagnon et Maître. Mais, une fois atteint le grade de Maître, ceux qui veulent poursuivre leur cheminement initiatique peuvent le continuer dans les hauts grades. Si les historiens ont maintenant bien reconstitué les sources et la fixation des trois premiers grades en Grande-Bretagne, entre le XVIIe siècle et les années 1730 , les origines des « Maître Parfait », « Maître Écossais » ou « Royal Arch »... restent, quant à elles, assez mystérieuses. L’histoire des hauts grades a certes connu des progrès importants. On n’y voit plus une création tardive et française, comme cela a longtemps été le cas, mais un phénomène qui plonge aussi ses racines dans l’effervescence britannique des années 1717-1730 et qui s’inscrit donc directement dans le sillage de la formation de la franc-maçonnerie spéculative. Des historiens, comme René Guilly, avaient souligné combien les plus anciens hauts grades – comme le « Royal Arch » (attesté en Irlande en 1743) ou le « Maître Parfait » et le « Maître Écossais » (attestés à Paris en 1744) – présentaient des points communs et semblaient répondre à la fixation du « nouveau » grade de Maître autour de 1730. Récemment, la découverte de deux documents permet de proposer un nouveau modèle de l’apparition des hauts grades. Au centre du processus, un archaïque grade de « Maître Écossais » sur lequel on en sait maintenant un peu plus. Peut-être constitue-t-il, d’ailleurs, la principale source de cet Écossisme qui s’épanouira avec tant de vigueur au XVIIIe siècle ?
Un « Maître Écossais » à Londres en 1733
La première trace d’une « maçonnerie écossaise » au sens de hauts grades – c’est-à-dire dont la pratique s’inscrit après le grade de Maître – se situe à Londres, en 1733, où l’on apprend l’existence d’une « Scotts Masons’Lodge ». Cette « Loge de Maçons écossais » se réunit à la Devil’s Tavern – la taverne du Diable ! – où travaillent d’ailleurs d’autres Loges comme celle de L’Union. L’adjectif « écossais » ne concerne manifestement pas l’origine des Frères dont on sait par