Ceux qui les connaissent mal pensent souvent que les bibliothèques sont des lieux ennuyeux et poussiéreux. Ils ignorent combien l’histoire de certains livres ou manuscrits peut parfois être extraordinaire. Ainsi, entre 1940 et 1945, les archives maçonniques françaises vont connaître une véritable épopée. Épopée qui va conduire une partie d’entre elles à traverser l’Europe au milieu des bombes et à disparaître dans les tumultes de l’histoire. Après les avoir longtemps pensées perdues à jamais, un demi-siècle plus tard, à la grande surprise des archivistes et des historiens, on les redécouvrira conservées avec soin dans un bâtiment de l’ex-KGB à Moscou. À la suite de périlleuses négociations, elles reviendront finalement en France au début des années 2000. Aujourd’hui, après des années d’investigations, on connaît mieux la saga des « Archives russes ».
À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, tout porte à croire que les archives de la franc-maçonnerie depuis le XVIIIe siècle étaient à peu près complètes à défaut d’être toujours bien inventoriées ou exploitées. La défaite de la France qui met le pays sous le joug nazi et permet aux disciples de Maurras de liquider la République et de prendre les rênes du pouvoir ouvre une période de persécution de la franc-maçonnerie. Depuis le Second Empire et surtout à partir des années 1880, la franc-maçonnerie apparaît aux yeux de l’opinion française c