La maçonnerie moderne, « spéculative », née outre-Manche n’a pas inventé le Grand Architecte, mais elle l’a institutionnalisé comme plus petit dénominateur commun de la croyance en un Dieu révélé, afin de permettre à ses membres d’en finir en loge avec les querelles religieuses qui déchiraient la société anglaise à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Le généreux projet aurait-il échoué face à l’exigence croissante de liberté de conscience ? Aujourd’hui, le GADLU divise l’univers feutré de l’Ordre tel un scalpel, révélant des clivages dogmatiques profonds alors qu’il n’ambitionnait que de « rassembler ce qui est épars » ! Nous assistons pourtant à un tournant : de part et d'autre le dialogue semble se renouer et des ponts sont à nouveau établis.
Un Grand Architecte qui nous vient de loin…
Le concept de Grand Architecte est très antérieur à la maçonnerie spéculative qui n’a fait que l’emprunter. L’idée générale que l’on retrouve chez nombre d’auteurs, de Cicéron à Rousseau, de Descartes à Voltaire, est celle d’un ordre du monde d’une telle complexité qu’il ne peut se concevoir sans une pensée extérieure structurante et créatrice, celle d’un « architecte » ou d’un « horloger » qui agence finement les rouages de l’univers et leur donne l’impulsion nécessaire à leur ron