La Franc-maçonnerie française semble en 1939 en relative bonne santé avec des chiffres stabilisés d’environ 47.000 membres, un programme mis en application par le Front populaire, un appui sur nombre d’associations et une presse amie. L’environnement international est pourtant désastreux. Les loges sont fermées dans tous les pays totalitaires et les Frères réfugiés espagnols affluent avec leurs familles. Influencée par le pacifisme ambiant, elle sous-estime le risque de guerre et la vitalité des forces qui lui sont hostiles : la hiérarchie de l’Église catholique, une extrême droite haineuse et revigorée par l’affaire Stavisky, une opinion publique en voie de droitisation et d’autant plus défiante à son égard.
La défaite militaire ne pouvait que lui être fatale. Les pleins pouvoirs sont remis au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940. 284 parlementaires socialistes et radicaux présents ont voté pour, 64, contre, et 9 se sont abstenus. Les élus maçons, tous de gauche, ne se sont pas singularisés : 64 pour, 19, contre, huit abstentions. Il est vrai que plusieurs d’entre eux, tel Pierre Mendès-France sont sur le Massilia pour poursuivre la lutte et que d’autres vont se racheter dans la Résistance. Ce vote scelle le sort de la Maçonnerie, comme le montre ce dialogue entre