Habiter le monde en poète, et comprendre ses lois en savant… Gaston Bachelard illustre parfaitement cette belle dualité de l’être humain. Philosophe, il en rend compte par les deux versants de son œuvre. D’une part, des livres d’épistémologie qui explicitent la dynamique de la science. D’autre part des livres de poétique où se déploie la rêverie de l’imagination créatrice à partir des « extases matérielles » éprouvées dans la nature. L’eau, le feu, l’air, la terre ne sont-ils pas les éléments d’où naissent les premières sensations, elles-mêmes sources des rêveries de l’enfance ?
Dans l’approche de l’expérience, au plus près des émotions sensibles et de la mémoire qui s’en nourrit, la poésie épouse les chemins de l’imagination. La science, en revanche, travaille à s’en affranchir pour atteindre les lois du réel. À la reproduction mentale des images se greffe la rêverie qui les réinvente ou la psychanalyse qui en déjoue l’emprise. Pour Bachelard le souci de comprendre les lois objectives du réel va de pair avec le droit de rêver. Mais il faut d’abord distinguer nettement les deux démarches. L’expérience fournit à la r