Pour être viable toute société a besoin de bienveillance et de confiance mutuelles. Dans cet esprit Aristote rêvait de souder la communauté politique par le bien commun et l’amitié qu’il rend possible (philia). Dans le même esprit Montesquieu en appelait à la vertu, définie comme l’amour des lois et de l’égalité. Quant à la devise républicaine, la fraternité y vaut comme trait d’union entre la liberté et l’égalité, dans l’horizon du bien commun. Descartes, quant à lui, a voulu pour tous les êtres humains la fierté heureuse de la générosité qui tient dans le bon usage de la liberté et non dans la richesse qui ne dépend pas de nous. Puis Spinoza a fait de cette générosité un vecteur de solidarité active pour que tous jouissent effectivement de cette liberté. Suivons l’histoire d’une belle notion, qui exprime la vertu de l’homme libre.
Qui est généreux ? Celui qui donne peu alors qu’il a beaucoup ne l’est évidemment pas. Celui qui donne alors qu’il a peu est généreux. Il ne compte pas ce qu’il va donner, mais plutôt ce qu’il doit donner à autrui pour l’aider et lui témoigner de sa solidarité. Dans ce cas le généreux se révèle comme tel en offrant tout ce qu’il peut pour atteindre son but. Le don est proportionné à ce qu’il peut donner. Il doit être suffisant, qu’il s’agisse de faire survivre une personne, ou de la sortir du désespoir, ou encore de lui offrir le gite et