La question ne va pas de soi. L’identité numérique, en arithmétique, définit une égalité abstraite, saisissable en dehors de tout objet concret. L’identité d’un objet concret, c’est ce qui en définit l’essence. Un vase, par exemple, se définit par sa fonction, accueillir des fleurs, et la consistance matérielle qui la rend possible : sa forme et sa matière (cristal, verre ordinaire, terre cuite). Pour un être humain, en revanche, ce genre de définition ne peut convenir. Car à la différence d’une chose dont on peut définir l’essence invariable, une personne singulière, dotée de conscience, est capable de choisir sa vie, puis de la changer radicalement, et ainsi de se faire autre, tout en restant la même. Elle est alors identique à soi malgré les transformations qui l’affectent. Soi-même tout en devenant autre. La croissance physique, la maturation mentale, le vieillissement, le changement moral, les engagements et les ruptures, entre autres, transforment la personne, voire la rendent méconnaissable au regard de ce qui d’abord la caractérisait. Son identité disparaît-elle pour autant ? Où est le soi dans ce processus ? Qu’est-ce qu’être soi-même ?
« Mêmeté » et « altérité » se conjuguent. Rester soi tout en se faisant autre... Une dialectique vivante s’installe en chacune et en chacun. Qu’est-ce donc que l’identité ? La prise en compte de la polysémie du terme sera ici un préalable à son analyse concernant l’être humain. Une définition a quelque chose de statique, alors que la vie est devenir, voire devenir autre que celui ou celle que l’on croyait être à un moment donné. C’est à ce point que prend naissance la distinction souvent polémique de l’inné et de l’acquis, qui croit devoi