Toute œuvre d’art, pour être reconnue comme telle, implique un jugement de goût. Généralement, celui-ci est bref : « c’est beau ». En présence d’une statue, d’un tableau, d’un poème, d’une tragédie, ou d’une œuvre musicale, quel sens prend un tel jugement ? D’abord, il prétend à une sorte d’objectivité, d’universalité. Sinon, son auteur dirait plutôt : « je trouve cela beau ». Si elle est fondée, cette prétention atteste quelque chose de commun à tous les hommes. Un sens commun du beau artistique, par-delà la fameuse diversité des goûts et des couleurs, « dont on ne discute pas ». Miracle improbable, ou expression d’un pouvoir de communier qui délivre les hommes du relativisme ordinaire ? Une réflexion s’impose. Et elle appelle une approche de ce qui spécifie le beau artistique par rapport au beau naturel.
Beauté naturelle et beauté artistique. Le soleil levant de Monet.
« C’est beau » : un tel jugement qualifie l’œuvre d’art d’une certaine manière. On ne ressent pas la même chose devant un paysage et devant sa représentation esthétique. Un lever de soleil sur la mer est sans doute beau par le spectacle des couleurs qu’il mêle en harmonies de rouge et de bleu sur la surface des eaux. Une beauté dite naturelle émeut alors le regard. Au-delà, cette expérience vécue peut s’assortir du sentiment de sublime, éprouvé en présence d’un spectacle grandi