Notre époque est marquée par de nouveaux dangers, le retour de la violence, la précarisation du travail, l’incertitude de nos enfants face à l’avenir. L’incertitude est ici prise dans son sens commun et même banal quand elle se confond globalement avec un sentiment d’insécurité. À l’autre bout du spectre des significations, le concept d’incertitude revêt un sens éminent, et cela dans les sciences, dans la philosophie, dans la recherche ou dans l’art. La physique a adopté un « principe d’incertitude » qui fait partie de ses scénarios méthodologiques. En philosophie, un esprit qui reconnaît son ignorance laisse supposer plus d’intelligence et promet plus de fécondité qu’un esprit qui croit tout savoir et qui errera sans même connaître son erreur. Un étudiant qui reconnaît qu’il ne sait pas progressera plus vite qu’un étudiant qui croit avoir compris. Dans l’art, les intermittences de l’inspiration font partie de la créativité. Cette incertitude-là est une qualité intellectuelle dans les travaux de l’esprit : se méfier des certitudes est la condition de la curiosité, de la nouveauté du regard, de l’éveil et de la capacité d’inventer.
Mais dans le domaine de l’action, l’incertitude est souvent ce qui inhibe la décision et empêche l’action. Et pourtant, dans une économie de l’innovation, l’incertitude engendre de nouvelles capacités d’agir, une nouvelle vertu, une nouvelle figure du courage.
Fuir l’incertitude est humainement très ancien et permanent : par l’établissement d’habitudes ou de routines : organiser la vie selon des habitudes, des conventions fait barrage à l’incertitude des situations. On les range dans des catégories ; on apprivoise l’incertitude. Par la pensée magique : Le hasard est la forme la plus courante du vécu de l’incertitude. On peut mourir dans un accident d’automobile, perdre son emploi à cause d’un changement de direction, être victime d’une inondation. La pensée magique nie le non-sens de l’imprévisible q