« Qu’est-ce que donc le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais. Si quelqu’un pose la question et que je veuille l’expliquer, je ne sais plus. » Ainsi s’exprime Augustin au seuil de sa méditation sur le temps. Comment comprendre son embarras ? Sans doute par l’évanescence du temps, déjà passé alors que je crois le saisir au présent. Mais de quel temps parlons-nous ? Est-ce celui de la vie humaine, tendue entre la naissance et la mort, les espoirs et les craintes, les souffrances et les jouissances ? Ou est-ce celui du cycle naturel des saisons, du jour et de la nuit, qui découle de l’ordre cosmique ? D’une part une ligne orientée, irréversible, que l’on ne peut prévoir, d’autre part un processus cyclique régi par des lois invariables qui nous assurent que l’automne succèdera à l’été, et que les fleurs aujourd’hui épanouies faneront demain. Comment articuler ces deux temps par la pensée ? Place à la philosophie, à l’histoire, à la poésie, à la psychologie, à la métaphysique, à la cosmologie, à la science, et bien sûr à la littérature.
Un enfant de deux ans perçoit la durée d’une année comme la moitié de sa vie. Une personne de cinquante ans la perçoit comme un cinquantième de sa vie, et une centenaire comme un centième de sa vie ! De là le sentiment d’« accélération » du temps, car chaque année révolue, rapportée au décompte des années passées, parait de plus en plus courte. À ce sentiment d’accélération vont se lier la nostalgie et les regrets, mais aussi l’angoisse de l’avenir et l’impatience existentielle. Pourtant les années, au regard des cycles naturels et des mouv