« La der des ders », « Plus jamais ça »… Après chaque tragédie, on jure que cela ne se reproduira plus. Et pourtant ! Les tragédies se répètent. Mais elles le font de façon si différente qu’il n’est peut-être pas pertinent de parler de répétition au sens strict de reproduction identique d’un évènement ou d’une situation. Au XXe siècle, outre deux guerres mondiales qui font plus de 18 millions de morts entre 1914 et 1918 et soixante-millions de morts entre 1939 et 1945, trois génocides sont perpétrés. Le génocide arménien fait au moins 1 300 000 morts de 1915 à 1916. Avec le génocide juif (en hébreu Shoah : la catastrophe), l’Allemagne nazie extermine systématiquement six-millions de Juifs (66 % des Juifs d’Europe et 40%des juifs du monde) entre 1939 et 1945. Le génocide des Tutsis, au Rwanda, provoque 800 000 morts, pour l’essentiel tutsis, du 7 avril au 17 juillet 1994. Des constats effarants. Y avait-il une fatalité historique à la répétition de tels massacres ? Sous les différences, existerait-il une malédiction inexorable ? Le sens de l’Histoire humaine est ici en jeu, si du moins on peut en trouver un.
Appelons Histoire, dans un premier sens, avec ou sans majuscule, le devenir collectif de l’humanité engagée dans le processus temporel de la culture. Le mythe de Prométhée nous apprend que cette activité la distingue du monde animal : en assurant sa survie, l’être humain se construit et se définit lui-même. Le deuxième sens du mot histoire recouvre soit un simple récit qui raconte un scénario réel ou fictif soit la discipline forgée par les hommes pour étudier objectivement leur devenir collectif, voire agir sur lui dans le but d’en acquérir la maîtris
