Notre époque est celle d’une communication tous azimuts, hypertrophiée par les technologies de l’information et de la désinformation, des réseaux sociaux qui calomnient ou divinisent sans retenue, de la presse écrite et parlée, filmée et tweetée ad nauseam. Avec un constat paradoxal : l’époque des médias déchainés n’est pas celle de la grande communion humaine, mais à certains égards celui des nouveaux obscurantismes. En même temps que se décuplent les trop fameuses « infos », la patience du concept est oubliée au profit d’un déluge d’images et de discours que règle le seul choix de conquérir le marché de l’audience et ses juteux dividendes. L’empire des médias dicte sa loi et sa mode, en lieu et place d’un langage de vérité qui émancipe en instruisant, qui affranchit par la culture. Faut-il pleurer, faut-il en rire ? Sans doute, avant tout jugement, faut-il comprendre. Une réflexion exigeante sur les langages s’impose. Place à l’anthropologie, à la linguistique, et à la philosophie.
De prime abord, le monde est peuplé de signes, c’est-à-dire d’éléments sensibles qui font sens. Le nuage annonce la pluie, le cri atteste la présence d’un animal, le bourgeon précède la fleur. Et comme l’écrit Aristote, si une hirondelle ne fait pas le printemps, du moins en est-elle un signe avant-coureur. Quant aux abeilles observées par Von Fritsch, elles dansent selon une géométrie régulière, ajustée aux distances à évoquer pour atteindre le pollen. Cette communication animale est instinctive, et dépourvue de l’intentionnalité propre à celle