Figure de l’altérité pour un certain Occident, l’Orient a pu l’être dans des sens contradictoires. Un repoussoir, ou un contre-exemple salutaire. Repoussoir fantasmé pour les besoins d’une théologie dogmatique, celle d’une Église catholique qui a très vite aliéné la spiritualité désintéressée pour se faire institution politique et pouvoir dominateur. C’est alors que s’invente la vision idéologique d’un Orient cruel, sans véritable culture, lieu de dangereuses missions ou d’expéditions guerrières prétendues civilisatrices.
Les croisades invitent les preux et pieux chevaliers de la « bonne religion » à en découdre avec les Maures et autres Sarrazins. Leibniz, plus tard, évoque le fanatisme mahométan, articulé à un fatalisme irrationnel à ses yeux, qu’il oppose au libre arbitre chrétien. Toutefois il ne peut dénouer pleinement la difficulté que représente la présence du mal sur la terre alors que le Dieu créateur est réputé infiniment bon et tout puissant. Nous chrétiens avons la bonne religion et eux les musulmans ont la mauvaise… Contamination idéologique de la philosop