Peter Sloterdijk a une belle apparence : ce grand viking athlétique, qui porte le nom d’un quartier d’Amsterdam, amateur de vélocipédie dans la Drôme, amoureux de la France intellectuelle , recommande pourtant la modération, et célèbre la couleur grise . Et pourtant, l’ancien recteur de la Hochschule für Gestaltung de Karlsruhe, professeur à l’académie des beaux-arts de Vienne, à Munich et à Hambourg, et bientôt à Paris , récipiendaire de nombreux prix de l’essai , est aussi un terrible humoriste.
La théorie des « après-guerre » de Peter Sloterdijk oppose radicalement Français et Allemands sur la rémission de leur héroïsme fatal : les Allemands, reconnaissant leur défaite totale, se sont profondément convertis au productivisme et au consumérisme, tandis que les Français, qui se sont affichés parmi les vainqueurs, ont cultivé un rêve de grandeur qui n’a plus sa place en Europe. Et c’est ainsi que ce viking ressemble bien plus à un petit bourgeois allemand, auprès de sa petite maison et de sa grosse voiture, promenant un chien dont les oreilles t