Aspiration multiforme à la liberté, l’émancipation se décline dans différents domaines. Comme telle, elle peut résumer un programme politique partout où des êtres humains sont asservis, opprimés, exploités. Le mot a une longue histoire et recouvre des processus variés de libération. Les esclaves, les peuples colonisés, les victimes du racisme, les femmes dominées par le patriarcat, les prolétaires exploités par le capitalisme, les homosexuels rejetés et stigmatisés, les francs-maçons maltraités, ont dû combattre pour s’affranchir et souvent les différents registres de l’émancipation ont été mis en jeu. Place à l’analyse de la notion et au rappel de ce qu’elle représente aujourd’hui encore pour tant d’êtres humains.
Dans la Rome antique, patriarcale, le pater familias tient sous sa main tout un domaine : la maison, la famille, dont la femme dominée et les enfants, voire les esclaves pour les plus riches. Le mancipium, en latin, c’est l’ensemble de ce domaine et la propriété elle-même. L’étymologie est claire : le préfixe man dérive de manus, main et cipium vient de capere, capio, prendre. Le mancipium, c’est donc le domaine que le pater familias tient sous sa main. Ainsi être affranchi de l’état de « res mancipii », pour un esclave comme pour un adolescent, c’est