La nation peut-elle rester une référence idéale de la philosophie politique ? La question doit être posée à l’heure où son invocation donne souvent lieu à des diatribes irrationnelles qui en font la source de tous les maux, ou presque. Il est trop facile de mobiliser contre elle les noirceurs du nationalisme d’exclusion, celui qui n’unit qu’en excluant, celui d’un « nous » opposé à un « eux ».
Une question simple... En quoi l’attachement patriotique à une nation impliquerait-il le rejet des autres nations ? Certes, l’histoire a fourni des exemples sinistres d’une telle attitude. Mais elle a aussi donné de beaux exemples de conciliation entre nationalisme et internationalisme, comme chez Jean Jaurès qui préférait d’ailleurs la notion de patriotisme, moins ambigüe à ses yeux que celle de nationalisme. Place à une réflexion menée à la croisée de l’histoire et de la philosophie.
Avant l’histoire, la géographie. L’étymologie première du mot nation l’assigne à un lieu, celui de la naissance, première signification. Le mot vient du latin natio, qui lui-même dérive du verbe nascere : « naître ». Le terme latin natio désigne entre autres les petits d’une même portée animale, puis un groupe d’êtres humains ayant une même origine, et vivant dans un même endroit, de dimensions variables. D’où son sens de peuplade ou de peuple. La notion de patrie — étymologiquement la terre des pères, donc des ancêtres, est proche de la no