Ordonné prêtre en 1996, Pascal Vesin aurait pu rester dans l’anonymat, si en mai 2013, alors qu’il exerçait son office à Megève en Haute-Savoie, il n’avait été brutalement excommunié et démis de ses fonctions par sa hiérarchie. Pour quel motif ? Le seul et unique d’être membre de la franc-maçonnerie.
« Inconciliable, inconciliable » seront les seuls mots d’explication, que le sous-secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex inquisition) voudra bien lui lâcher. C’est toute la vie de Pascal Vesin qui bascule alors. Dans cet ouvrage il raconte comment sa quête de spiritualité et son désir d’œuvrer pour les autres l’ont amené à devenir prêtre et un peu plus tard en 2001 à être initié au Grand Orient de France. « Foi et raison ne sont nullement incompatibles » aime-t-il à souligner. Un témoignage chargé de sens, et dans lequel l’ex-père Pascal exprime sa colère vis-à-vis d’une Église figée dans ses principes, à rebours des aspirations de son temps : « le Dieu auquel je crois me permet de ne pas rester prisonnier de la religion ». Incompréhension aussi : « Franc-maçon ? Bon sang, c’est pire que d’être pédophile ou nazi ». Entre liberté de conscience et soumission, Pascal Vesin a choisi.
De Pascal Vesin
Éditions Presses de la Renaissance
220 pages – 16,90 €
Roman
Le Chevalier du soleil
Une aventure de Monsieur de Montaigne
De Jean-Luc Aubarbier
Éditions De Borée
320 pages – 19,90 €
« Imagine, Michel, une Europe où chacun se gouvernerait par sa pensée et sa conscience… », s’exclamait Étienne de la Boétie en s’adressant à son ami Montaigne et poursuivant « Nous devons allumer des foyers dans toute l’Europe, influencer les princes, gagner les rois à notre cause… » Rêve fou d’un utopiste ? Ou émergence d’une pensée neuve ? Dans une Europe en proie aux guerres de religion, nous sommes alors quelques années avant le massacre de la Saint-Barthélémy, des hommes forment le projet de mettre à bas le fanatisme. Ces combattants d’un nouveau genre deviendront les Chevalier du soleil. Puisant aux sources de l’alchimie, ils seront les porteurs d’un humanisme moderne gagnant à leur cause Henri de Navarre, le futur Henri IV et Guillaume d’Orange. Dans ce roman historique haletant, Jean-Luc Aubarbier fait revivre Montaigne ; mais loin de nous présenter le philosophe en ermite, il nous le montre amoureux, diplomate, rabelaisien, guerrier, confronté aux enjeux de pouvoir et aux intrigues politiques. Un roman captivant et bien écrit où qui ne manque pas de faire écho à notre monde d’aujourd’hui.
Essai
Construction d’un château
Comment faire de sa vie une œuvre
De Robert Misrahi
Editions Entrelacs
170 pages – 14 €
Quoi de plus exaltant que d’appréhender sa vie comme la construction d’un château ? Car comme le souligne Robert Misrahi la référence au château renvoie d’emblée dans l’imaginaire à une vie heureuse et somptueuse. Qu’on ne s’y trompe pas, le faste n’a pas sa place ici. « Je voulais montrer que le renouveau de la vie est toujours possible pourvu qu’on mobilise toutes les ressources de la liberté. Le bonheur ne se reçoit pas, il se construit. » Il est donc plutôt question d’un cheminement qui s’apparente à un itinéraire initiatique, un long travail de l’esprit… Mais pas un chemin de croix ! « Construire un état de conscience individuelle où celle-ci soit à la fois libre et heureuse, active et comblée, satisfaite et justifiée ». Robert Misrahi est un philosophe dont l’essentiel du travail est consacré à l’éthique, à l’altérité et au bonheur. Usant de métaphores et dans un style poétique, il invite le lecteur à s’inspirer de son expérience pour édifier ce bonheur… Un projet enthousiasmant dans l’esprit d’un Spinoza.
Essai
Le grand livre de la censure
D’Emmanuel Pierrat
Éditions Plon
350 pages – 19,90 €
Qu’ont en commun Le jugement dernier de Michel Ange, la célèbre chanson Lucy in the Sky with Diamonds des Beatles, ou bien encore Persépolis le long-métrage d’animation de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi ? Ces œuvres sont toutes en leur temps tombées sous le couperet de la censure. L’affaire n’est pas nouvelle et la volonté de condamner et d’interdire toute œuvre ou tout propos jugé dangereux ou subversif remonte à la nuit des temps. Il n’est que de se rappeler Socrate, dans l’Antiquité, qui sera condamné à boire la ciguë pour avoir prôné la liberté de parole. « Ceux qui savent manier la plume constituent des dangers potentiels pour les gouvernants. La tentation est grande d’éliminer cette force de résistance incroyable que peut constituer un simple livre » explique Emmanuel Pierrat. Politique, religion, sciences, mœurs, santé… La censure n’épargne aucun volet de notre société. En 2017, la Chine a ainsi annoncé qu’elle souhaitait lancer son propre Wikipédia local. En France, pays des droits de l’Homme, on pourrait croire que son usage fait partie du passé. Il n’en est rien. Au fil des quelque 200 affaires de condamnation à travers le monde, le lecteur découvre tout le champ de la censure qui aujourd’hui prend de nouveaux visages en agissant de manière indirecte par le canal de pressions économiques, politiques ou religieuses. Un ouvrage passionnant, d’une acuité parfois déconcertante.
Et aussi :
Pratique de la marque et du Royal arc mariner/nautonier expliquée
Par Herbert F. Inman, L.R.
Éditions de la Tarente
Franc-maçonnerie, entre déisme et théisme
Cahiers Villard de Honnecourt n°108
Sauvez les couloirs du temps
Les héritières du grand secret
D’Agnès Dillé
Éditions LiberFaber