Sélection littéraire

Le blason Langage de l’héraldique

De Patrice de la Perrière et Stéphane Rossini
Éditions Dervy
225 pages – 25 €

 

Voici un livre qui ravira les amateurs ou passionnés d’héraldique, qui rappelons-le, est la science qui a pour objet l’étude des armoiries. Michel Pastoureau, dans sa préface, corrige d’emblée une erreur très répandue, à savoir que les armoiries auraient été réservées à la noblesse. « Chaque individu, chaque famille, chaque groupe ou collectivité a toujours et partout été libre d’adopter les armoiries de son choix. » Les armoiries apparaissent en Occident au début du XIIe siècle et sont le signe d’identités nouvelles dans une société en mutation. D’abord réservées aux chevaliers, elles sont par la suite adoptées par les femmes, les hommes d’Église, les artisans et dans certaines régions les paysans, notamment en Normandie (mais aussi en Suisse et en Flandre). L’héraldique a développé son langage indispensable à connaître pour qui veut décrypter les blasons, véritables système de signes, porteurs de sens cachés. Orle, pal, écusson, triple trescheur, doloire, émaux, cordifoliée portent en eux une part de mystères que Patrice de la Perrière et Stéphane Rossini nous dévoilent au fil des pages, richement illustrées. Saurez-vous retrouver le blason ainsi décrit ? « D’Or à la clef à deux tiges, les pannetons adossés, posée en pal, le tout de Sinople. »

Beau livre
Paris occulte
De Bertrand Matot

Editions Parigramme
128 pages –  140 illustrations –  19,90 €
Autour de l’occultisme, plane souvent un parfum de charlatanisme, voire d’hallucinations ou d’autosuggestions. Au XIXe siècle, ceux qui s’adonnent à cette pratique, sont qualifiés au mieux de doux rêveurs, au pire de fous. C’est, dirons-nous la partie visible de l’iceberg… Car paradoxalement, cette époque qui voit l’essor du positivisme et du matérialisme est celle qui donnera aux arts divinatoires toute leur popularité. Un mouvement qui s’étendra jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. « Il se trouve à Paris presque autant de sociétés secrètes que la ville compte de maisons », explique Bertrand Matot et d’ajouter « l’opinion publique se passionne pour le spiritisme ». D’Éliphas Lévi, inventeur du mot occultisme à la célèbre voyante Mme Fraya, qui avait prédit la victoire de la France en 1914, en passant par l’alchimiste Jean Julien, l’auteur nous propose un voyage dans un Paris interlope, à la rencontre de figures méconnues. Loin d’être marginal, l’occultisme devient une source d’inspiration pour les poètes, les romanciers et les peintres. Victor Hugo déclarera même, après avoir découvert le spiritisme lors de son exil à Guernesey : « Paris est la future capitale spirituelle de l’humanité. » Le mot est dit. Sans doute faut-il voir dans cet engouement une forme de quête de soi-même. Une sélection de très belles illustrations émaillent ce livre qui resitue bien l’occultisme et son influence dans notre société.

Essai
Le fabuleux voyage maçonnique 
de celui qui un jour devint Guibulum

Regards sur le R.E.E.A. du 3e au 14e degré
De Jean-François Pluviaud
Editions Numérilivre
120 pages –  16 €
On a sans doute déjà beaucoup écrit sur le Rite Écossais Ancien et Accepté, l’un des rites majeurs de la franc-maçonnerie, composé de 33 degrés, forme d’échelle de progression. L’approche suggérée ici par Jean-François Pluviaud, membre de la Grande Loge de France ne manque pas d’intérêt et mérite qu’on s’y attarde. En préambule une mise au point s’impose : le rituel n’est pas une liturgie. Faisant appel au bon sens et à l’intelligence, il doit être interprété selon sa sensibilité et non être considéré comme un catéchisme. Jean-François Pluviaud parle d’un « un rendez-vous avec soi-même » pour évoquer le REEA dans son cheminement et dans sa structure qui pourrait s’apparenter à la lecture d’un plan. Il s’agit au fil des degrés de « construire l’architecte qui est en soi ». Pour ce faire, l’auteur se place dans la peau d’un voyageur, un cherchant, dont il nous fait partager les doutes, les interrogations, les convictions. Tout part du meurtre d’Hiram… « En avançant, il commençait à percevoir la complexité de sa tâche, la première chose à faire était de comprendre le message, la signification du degré, que voulait-on lui dire ou lui faire comprendre ? » Loin d’être doctoral, Jean-François Pluviaud propose par la réflexion une immersion dans le rite. Avec toujours en ligne de mire que le REEA repose sur des valeurs qui « restent virtuelles aussi longtemps qu’elles ne sont pas pratiquées », le but ultime pour assurer leur pérennité étant de les transmettre.

Essai
Un livre forgé en enfer
Le traité scandaleux de Spinoza et la naissance de l’ère laïque

De Steven Nadler
Éditions H & O
330 pages – 23 €
Professeur de philosophie à l’université du Wisconsin-Madison, Steven Nadler (né en 1958) est spécialiste de la vie intellectuelle du XVIIe siècle européen. On lui doit une biographie de Spinoza (Bayard, 2003), mais aussi plusieurs travaux sur les philosophes et théologiens français du Grand Siècle. Il retrace ici l’histoire du Traité théologico-politique, qualifié « d’abomination » par les autorités au moment de sa parution – anonyme – en 1670 à Amsterdam. Spinoza, rapidement démasqué, y entreprend avec force arguments une critique du système politico-religieux de l’époque.
Se montrant favorable à un régime démocratique et à la séparation des pouvoirs religieux et politiques, il affirme que la Bible n’est pas l’œuvre de Dieu, et que la Torah n’a pas été écrite par Moïse. Un scandale ! Dans son ouvrage, Steven Nadler s’attache à analyser les réactions des contemporains de Spinoza : « Il menaçait, à leurs yeux, de saper la foi religieuse, l’harmonie sociale et politique et jusqu’à la morale du quotidien ». Un livre passionnant qui permet de mieux comprendre l’ampleur de l’œuvre de Spinoza et de cerner toute la modernité de son propos.

 

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