S’il est un pays où la franc-maçonnerie se fait particulièrement discrète, c’est bien l’Allemagne. Et l’on en imagine tout de suite les raisons. Mais, comme toujours, la vérité de l’Histoire est bien plus complexe que sa narration. Née en pleine effervescence romantique, la franc-maçonnerie allemande, dès ses débuts a préféré les ombres de l’ésotérisme aux lumières de la raison. En ce sens, elle a davantage accompagné la folle course vers l’abîme qu’elle ne s’y est opposée. Mais à l’image du peuple allemand tout entier, la franc-maçonnerie a aussi su faire preuve par la suite d’une étonnante et salutaire résilience.
Voici un siècle, en 1918, lorsque l’Allemagne s’agenouilla devant les conditions de l’armistice, ce n’est pas seulement l’état impérial qui fut humilié, ce furent aussi les valeurs, les traditions, bref, tout ce qui fait l’âme d’un peuple, qui fut foulé sous la botte des vainqueurs. Immédiatement, l’Allemagne profonde qui n’avait cru qu’en sa victoire, imagina que sa défaite n’avait pu être causée que par quelque malédiction secrète, quelque complot ourdi par une main occulte, forcément étrangère. C’est Karl Heise, un Allemand résidan