Société

Convoquer la conférence nationale des francs-maçons

NGH Presse

Migrants, chômage, pauvreté, djihadistes ou drogue composent un paysage français que Charles Trénet aurait quelque peine à chanter. Même si chacun sait qu’aucune époque ne fut tranquille et douce, y compris celle des années 60, il reste que les Français n’ont jamais connu un tel état de fatigue et de douleur morale immense. Le questionnement du futur devient insupportable ! Alors grande est la tentation de rejoindre les idéologies simplistes et dangereuses dont celle de l’exclusion de l’autre n’est pas la moindre. Beaucoup, je dirais trop de philosophes et sociologues font ainsi la part belle au pessimisme ambiant, comme si cela était une forme de mode. Où est l’optimisme battant ? Où sont les voix de la force constructive ? Où sont les résistants ? 

 

Les réponses à ces interrogations se trouvent non plus chez certaines élites qui se délitent, mais dans la jeunesse et dans les quartiers dits abandonnés. Là où s’invente le futur humain au cœur du grand mouvement de la mutation technologique, de l’avènement de la civilisation numérique. Des mots illustrent ce mouvement que l’on voudrait encore qualifier de souterrain : partage, service, échange, co-ensemble, innovation, gratuit, don, aide. Des mots qui devraient éveiller les francs-maçons pour qu’enfin, laissant de côté leurs querelles intestines, ils travaillent ensemble avec cette jeunesse et tous ceux qui portent une action positive.
Le temps est venu de convoquer la Conférence nationale des francs-maçons. Toutes les obédiences réunies afin de mobiliser les énergies sur le thème du combat pour le futur et pour proposer une action collective au service de tous les citoyens. Il s’agit de réveiller l’esprit de Victor Schœlcher, de Pierre Simon, de Jean Zay et de tant de francs-maçons qui ont su s’engager puis appeler leurs frères et sœurs à porter un projet, à résister à la barbarie, à incarner l’espérance et la joie. Il ne suffit plus de proclamer un attachement viscéral à des valeurs, faut-il encore les montrer, les imposer et les faire vivre. Est-ce un rêve ? Peut-être, mais… un rêve peut se réaliser alors qu’une illusion ne se réalise jamais. Alors il faut que cessent les illusions, les faux-fuyants et les hypocrisies. La mutation actuelle et les périls imposent la réflexion commune, l’union et l’action, car, je l’affirme : jamais la France n’a autant eu besoin de la franc-maçonnerie. 
Les thèmes sur lesquels les Sœurs et les Frères peuvent conduire une action de nature maçonnique sont multiples : l’enseignement, l’écologie, le partage des richesses ou encore l’accueil sans oublier le patriotisme et la lutte contre la barbarie. La méthode maçonnique et la liberté de penser permettent d’aborder tous ces thèmes sans a priori. Est-ce si difficile de réunir pendant une année, des groupes interobédientiels, sans aucune exclusive, sur les grands thèmes qui interpellent la vie nationale ? De leur assigner un objectif et un seul : bâtir pour chaque thème un Projet, concret. Sans autre souci que celui de servir notre pays. Chaque obédience compte en ses rangs suffisamment de personnalités compétentes pour mener à bien le chantier. Au terme de ce travail sera convoquée la Conférence nationale des francs-maçons pour présenter les Projets, en discuter avec des responsables « profanes » et publier « Les projets maçonniques pour la France ».  
Sans méconnaître les obstacles à entreprendre un tel chantier, cette contribution à l’avenir de notre pays dans la civilisation numérique irréversible semble une exigence pour tous les francs-maçons qui proclament vouloir travailler au progrès et au bonheur de l’humanité. Devons-nous attendre d’être entraînés dans des tourmentes cruelles pour enfin nous lever ? Souvenons-nous des hésitations funestes des années 30 pour ne plus hésiter à nous mobiliser. 
Lors de la cérémonie de remise des Grands Prix Humanisme et société organisés par Franc-maçonnerie et société, le 16 octobre au Sénat, à Paris, Dounia Bouzar a montré combien une action soutenue pouvait changer le cours des choses et Enrico Macias a rappelé combien l’amour restait la plus belle arme contre la barbarie. Quant à Monette Vacquin, Gérard Garouste, Gilles Babinet et Yves Calvi, ils ont témoigné de leur volonté à toujours défendre la beauté, le progrès et le dialogue. Avec eux et tant d’autres, non maçons et maçons, nous ouvrons la voie d’un combat non pas contre tel ou tel, mais simplement pour le mieux vivre ensemble, pour la joie dans les cœurs et pour contribuer à construire une meilleure société. L’appel à la Conférence nationale des francs-maçons s’inscrit dans cette perspective de force et de beauté. Avec l’espérance de la sagesse.

 

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