Peut-on encore débattre sans offenser ? Peut-on encore émettre une opinion sans se demander si les personnes qui ne la partagent pas vont se sentir blessées dans leur sensibilité ? Le déferlement du « politiquement correct » venu d’outre-Atlantique nous interpelle en tant que francs-maçons, et nous rappelle que le travail en loge n’est pas qu’un simple exercice de sociabilité. C’est aussi le moyen par lequel nous pouvons accéder à une pensée libre par le moyen d’échanges respectueux rendus possibles dans une perspective d’universalité nous invitant à laisser nos égos et nos identités à la porte du temple.
« Le problème n’est pas qu’il n’y ait plus de cause à défendre, mais que les causes que l’on défend désormais sont des causes parfaites, excluant tout débat ». C’est en ces termes que, dans son émission « Répliques »[1]le philosophe et académicien Alain Finkielkraut caractérisait l’état du débat dans la France de 2020. La remarque s’adressait à son collègue académicien, l’historien Pierre Nora qui venait, précisément, de mettre fin à l’existence de la revue Le débat, fondée quarante ans auparavant. Mort symbolique, et qui n’a