Belle aréopage pour une conférence au sommet entre la Grande Loge Nationale Française et le Grand Orient de France à l’occasion de la deuxième édition des « rencontres Lafayette » qui s’est tenue le 9 juin dernier.
Un rendez-vous annuel organisé en alternance au siège de l’une et l’autre obédience, afin de créer un pont entre « deux mondes » longtemps restés dans une ignorance mutuelle (tout du moins au niveau de l’exécutif). L’évènement tenait donc du symbole. Jean-Pierre Servel, grand maître de la GLNF, obédience hôte de l’évènement cette année, a évoqué, en guise d’introduction, une « expérience intelligente dans le domaine de la recherche », soulignant « nos différences sont considérables, croyance en Dieu, débat de société, mais cela ne doit pas masquer un fond commun de valeurs ». En écho à ces propos, Daniel Keller, son homologue du GODF a tenu à citer Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser tu m’enrichis » et plus pragmatique, « une telle manifestation contribue à donner un visage uni de la franc-maçonnerie ». Uni, le temps d’une soirée autour de la Table d’émeraude, l’un des plus célèbres textes alchimiques, attribué à Hermès Trismégiste, et découvert au Moyen Âge. Loin du débat de société (mais à la GLNF un tel choix eût sans doute paru discordant), Céline Bryon-Portet, Docteur en philosophie et Lettres modernes et Antoine Faivre, historien des religions ont eu à plancher sur les premiers vers du texte : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ». De quoi méditer, avouez-le. Macrocosme, microcosme, transmission, interaction, concorde universelle… Renversant ! Invité en qualité de grand témoin, l’historien Roger Dachez, avec la rigueur qu’on lui connait, mais non sans humour a rappelé le lien complexe existant entre franc-maçonnerie et ésotérisme, insistant sur le fait que « l’hermétisme a occupé une place marginale au sein de la franc-maçonnerie ». Une précision faisant quelque peu figure de pavé dans la mare, après ce qui venait d’être exposé. Mais pour se faire pardonner, et parce que rien ne pouvait gâcher cette soirée mémorable, Roger Dachez a remis aux deux grands maîtres une distinction, la médaille de l’Ordre de Lafayette.