La franc-maçonnerie irlandaise, aussi ancienne que la franc-maçonnerie elle-même, est tout sauf une affaire simple. Protestante en pays catholique, mais un temps proche des nationalistes, souvent loyaliste, mais avec des accents rebelles, son histoire témoigne des déroutants paradoxes qui caractérisent l’histoire tumultueuse de l’île. C’est pourquoi elle est peu étudiée et est encore l’objet de préjugés hostiles tant de la part des catholiques qui la confondent avec les extrémistes protestants de l’Ordre d’Orange que de la part de ces derniers.
Il en va de la franc-maçonnerie comme de la vraie croix. Chacun, où qu’il se place, en revendique une authenticité plus authentique, une antériorité plus antérieure, une vérité plus vraie. Pour l’Irlande, authenticité comme antériorité prennent la forme d’une inscription gravée sur une équerre en laiton retrouvée en 1830 lors de travaux de réfection du pont de Limerick sur le Shannon. Érodée, mais lisible, l’inscription gravée sur l’équerre indiquait la date de 1507 accompagnée de cette phrase : « I will strive to live with love and care, upon