Le 29 novembre 2023, la Grande Loge Nationale Française a accueilli Akram Elias, Passé Grand Maître de la Grande Loge de Washington pour une conférence intitulée Les Constitutions de 1723, l’indispensable truelle pour consolider les fondations de l’Amérique.
Une accroche qui interpelle d’emblée tout autant que son conférencier, dont le panache a tout de suite conquis l’assemblée venue en nombre. Point de place pour les retardataires, le grand temple était plein à craquer. Akram Elias est Prestonian lecturer, — du nom de William Preston (1742-1818) —, comprenez un conférencier nommé par la Grande Loge Unie d’Angleterre pour faire la tournée des loges de son État. Sa conférence au siège de la GLNF venait clore les festivités organisées dans le cadre du 300e anniversaire des Constitutions d’Anderson.
C’est donc dans une approche pragmatique, d’aucuns diraient typiquement américaine qu’Elias Akram a rendu hommage au texte rédigé par le pasteur Anderson, soulignant toute sa modernité. « Sans les Constitutions de 1723, l’expérimentation américaine n’aurait pas réussi. » Expérimentation ? Le mot se réfère au laboratoire dans lequel on fait des essais, on tâtonne, pour aboutir à des échecs parfois, mais aussi à des réussites, avec toujours la volonté d’aller de l’avant. « C’est dans cet état d’esprit, a expliqué Akram Elias que les pères fondateurs des États-Unis d’Amérique ont rédigé leur Constitution et leur déclaration d’indépendance. » « Ils s’inspiraient poursuit-il de ce qu’ils vivaient en loge. » Pratiquer la tolérance religieuse, élire les surveillants au mérite et non en fonction de leur statut social, apprendre à se gouverner soi-même furent des points fondamentaux acquis en loge. Autour de George Washington, les pères fondateurs, inspirés par John Locke et Montesquieu ont imaginé un nouveau contrat social fondé sur la raison, en dehors du champ de la religion ou de toute idéologie.
Pour Akram Elias la contribution de la franc-maçonnerie s’est incarnée dans la mise en place d’un système de moralité civique, encore vivace aujourd’hui, faisant intervenir les citoyens libres d’une part et la société civile et le gouvernement d’autre part avec pour objectif de travailler à promouvoir l’abondance, la prospérité, la paix et le bonheur du peuple (sans ignorer toutefois « le cancer » du racisme et de la ségrégation). « L’essentiel dit-il pour finaliser son propos étant de bâtir une société où les citoyens éduqués comprennent leurs droits, sont prêts à les protéger et résistent aux tyrans et aux démagogues. » À noter les interventions du philosophe Bruno Pinchard et de l’historien Thierry Zarcone pour conclure cette soirée. HC