Guerre d’obédiences, ruptures, réconciliations, nouvelles ruptures, nouvelles réconciliations. Ces dernières années de violentes tempêtes ont secoué le paysage maçonnique français. Mais les conflits que certains jugent ridicules et d’autres, fondamentaux, sur fond de « régularité », de « reconnaissance » sont-ils si dramatiques ? Avec un peu de recul pourquoi ne pas voir dans le « joyeux bordel » maçonnique français la bonne santé d’une maçonnerie plus unie qu’on ne le croit et qui, par delà l’opposition entre « sociétaux » et « spiritualistes » demeure en recherche sur les choses de l’esprit tout en restant profondément attachée à la République et à la laïcité.
Royaliste sous les rois, impériale sous l’empire, légitimiste sous la restauration, timidement républicaine à partir de 1848 puis farouchement républicaniste, anticléricale et laïcarde sous la IIIe République, la franc-maçonnerie française doit paradoxalement beaucoup au sombre épisode de l’occupation qui lui donna l’occasion de redorer son blason républicain... De justesse. Car on frissonne à l’idée de ce que serait devenue la franc-maçonnerie si, la guerre se prolongeant, Pierre Laval était parvenu à se concilier les bonnes grâces de frères dont