La numismatique est l’une des plus anciennes disciplines de l’érudition. De la Haute Antiquité jusqu’au XIXe siècle – et peut-être encore de nos jours ! – les monnaies, jetons ou médailles apparaissent comme l’un des rares moyens de pérenniser la mémoire d’un homme ou d’un événement au travers des siècles. Seule l’information saisie dans le métal par la frappe ou la fonte semble pouvoir résister aux outrages du temps, y compris aux pires catastrophes. Certains personnages de l’Antiquité ne sont connus aujourd’hui que par les monnaies frappées à leur effigie. Aussi, dans l’histoire européenne, toutes les institutions souhaitant affirmer leur rang firent un jour ou l’autre frapper des médailles. Dès le XVIIIe siècle, les loges commencèrent donc à en éditer. Dans son très bel ouvrage, Les métaux et la mémoire, la Franc-maçonnerie racontée par ses jetons et médailles, Marc Labouret a décrit cet étonnant continent de la numismatique maçonnique.
L’Empire est un âge d’or du jeton maçonnique et nous voudrions présenter ici l’une de ses plus belles pièces : la médaille célébrant l’installation du « Son Altesse Sérénissime le Prince Archichancelier » Cambacérès comme Grand Maître de la « Mère-Loge Écossaise », à Paris, le 30 mars 1807. Tant par sa taille – 41 mm – que par sa qualité de réalisation, il s’agit vraiment de l’un des chefs-d’œuvre de la numismatique maçonnique. Elle présente une image réaliste de Cambacérès en décors maçonniques, image ciselée à l’époque m