Tradition

Le nom des trois mauvais maçons ne vient pas du REAA

En préambule, sachez apprentis et compagnons, qu’au 3e grade il se passe quelque chose de grave. De plus, ce quelque chose est réalisé en bande organisée – par trois personnes. Les conséquences pour elles seront funestes. Ceci devrait vous dissuader d’en savoir plus… Mais si toutefois vous persistez, sachez que dans la plupart des rites, les noms de ces personnes ne sont quasiment jamais évoqués. Sauf au Rite Écossais Ancien et Accepté dans Le Guide des maçons écossais depuis 1804.

Le REAA aurait-il été le seul à posséder ce secret ? Ceci expliquerait-il que la seule autre occurrence connue soit dans des rituels américains liés à la tradition du REAA ? En réalité, le nom des 3 ruffians se retrouve dans deux sources des années 1760. Tout d’abord, dans un texte dont la datation est attribuée à 1758 par une note manuscrite et qui s’intitule « Élément de la maçonnerie », provenant des archives de la loge La Parfaite Intelligence et l’Étoile réunies (P.I.E.R.) à l’orient de Belgique. Ce document, considéré sérieux et dont la datation est cohérente selon Jean Van Kim nous révèle que ces mauvais maçons « etoient trois freres només Gibloom, Giblos et Giblas (trois noms raturés et remplacés par Jubal, Jabol et Gablon) qui étoient des Esprits turbulents ».
Quiconque a été Vénérable maître y verra ainsi un dérivé d’un nom en G qui désigne de très bons maçons et s’amusera de voir que des dérivés de ce nom servent à désigner des mauvais maçons…
Mais le fait que ces noms soient raturés et remplacés laisserait-il à penser qu’un lecteur postérieur estima que ces noms avaient sûrement été mal orthographiés et les remplaça par des noms bibliques plus cohérents ? Devenant ainsi Jubal, fils de Lamech avec son frère Jabal dans la Génèse, puis Gablon, dérivé probablement de Gabaon, la ville où Salomon demande à Dieu un cœur intelligent pour discerner le bien et le mal (1 Rois 3 ; 5-9) ? Un autre texte peut expliquer la rature de ces noms et leur remplacement. Il s’agit de « The Three Distinct Knocks » de 1760, qui, lorsqu’il parle de 3 obstinés déterminés à user de la force explique que leurs noms étaient : « Jubela, Jubelo et Jubelum ». On soupçonne ici qu’un ou plusieurs textes franco-belges ayant franchi la Manche furent alors latinisés. 
Les Anglais ne conservèrent pour autant pas le moindre nom des coupables dans leur rituel d’après 1813, et expulsèrent même le caractère vengeur en réglant l’affaire de ces ruffians en une seule ligne ! Leur nom n’était donc pas d’une très grande importance…

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